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Pourquoi il est absurde de croire que le niveau de violence d’une société s’explique uniquement par la pauvreté

Lien entre pauvreté et violenceAlors que la France est toujours sous le choc une semaine après le lynchage de Kevin et Sofiane, les vieilles excuses sociologiques de la pauvreté et de l’influence de la télévision sont ressorties des placards. Et si elles n’étaient que des paravents ?

Atlantico : Pour expliquer le meurtre de Kevin et Sofiane, tués à l’arme blanche le 28 septembre dernier à Echirolles, une banlieue sensible de Grenoble, certains spécialistes incriminent la misère sociale ou encore l’influence des séries télévisées américaines. Deux fausses excuses sociologiques ?

Christophe Soullez : Les origines de la violence sont multiples et la criminalité dans son ensemble est un phénomène extrêmement complexe. Il est impossible de plaquer une règle stricte sur ce genre d’actes. Il faut plutôt voir la chose comme une conjonction de facteurs qui, en se rencontrant, finissent par déclencher ce genre d’actes. Surtout, il est absurde de chercher en permanence une forme de rationalité dans les comportements humains et plus particulièrement dans les phénomènes de violence. Cependant, il est quand même possible d’identifier un certain nombre de facteurs qui favorisent ces dérives criminelles. La précarité n’arrange évidemment rien, mais il est impossible de faire de la misère sociale une excuse absolue. La plupart des gens qui manquent de moyens vivent paisiblement, sans que la violence fasse partie de leur vie.

Jean-Paul Borrelly : Il existe un malaise dans ces quartiers, c’est une évidence. Mais cela n’excuse pas tout. 80% des citoyens qui habitent dans ce que l’on appelle « des quartiers difficiles » ne sont pas plus violents que ceux qui habitent dans des zones plus favorisées.

Cela fait des années que les municipalités, qu’elles soient de gauche ou de droite, font de vrais efforts pour « déghettoïser » ces quartiers. Le cliché des barres d’immeubles gris sans la moindre vie sociale, sans commerce ni sans terrain de sport est aujourd’hui totalement dépassé. Il y a eu énormément d’initiatives prises pour que cela change.

Il ne faut pas que la violence d’un très petit nombre rejaillisse sur ceux qui aspirent à une vie tranquille. La véritable source de la plupart des violences est toujours liée à ce que les criminels eux-mêmes appellent « le business », ce n’est pas moi qui le dis. Ces criminels sont à peine quelques-uns dans chaque quartier. Ils font régner la peur sur les autres habitants, en les empêchant par exemple de porter plainte auprès de la police.

Xavier Raufer : Nous sommes à côté du problème. Les actes comme ceux qui se sont déroulés à Echirolles n’arrivent en France que dans 26 départements précis qui sont clairement identifiés. Les zones dites « sensibles », au nombre d’à peu près 750, sont à 90% situées dans ces départements. Au sein de chacune de ces zones, il n’y a que quelques dizaines d’individus violents qui terrorisent des quartiers entiers.

L’affaire d’Echirolles en est la démonstration. Il s’agissait d’individus parfaitement connus des services de police et des habitants. Ils se font appeler « la bande du 60 ». Ils sont même célèbres, mais leur célébrité s’arrête aux murs du commissariat du coin. C’est ça le drame. Ils peuvent s’engager dans l’armée sans que personne ne fasse la moindre vérification et sans que personne ne sache qu’il s’agit de prédateurs mortellement dangereux. Ce genre d’individus ne représente probablement pas plus de 3 000 ou 4 000 personnes en France qui sont déjà parfaitement identifiés. Si les propositions des criminologues faites depuis dix ans avaient été appliquées, Sofiane et Kevin ne seraient pas mortsIls ont été tués autant par des brutes sanguinaires que par la culture de l’excuse.

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