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Royalisme et Nationalisme

Il existe deux manières de devenir royaliste. Soit on part du haut, c’est-à-dire de la nation, soit on part du bas, c’est-à-dire des libertés. Autrefois, lorsque  l’amour de la patrie ne se discutait pas, c’était le premier chemin qui était en général suivi. Au contraire, de nos jours où l’idée de décentralisation et de « société civile » sont plus sensibles, la seconde voie est fréquemment employée. A noter que Charles Maurras, notre maître  à penser, a emprunté d’abord la route des libertés – en l’occurrence l’apologie et la défense de sa chère Provence –  avant de suivre la voie royale de la sauvegarde de la nation. Quoiqu’il en soit, dans les deux cas, on aboutit à la même conclusion : que ce soit pour la sauvegarde de la nation ou pour défendre les libertés, un roi est indispensable. Un roi, non pas un individu désigné grâce à des magouilles ou élu au petit bonheur la chance, mais un prince légitime dont la désignation se fait de plein droit, par application de la règle de dévolution, sans l’intervention des hommes.

Mais revenons-en à la nation. Il faut remarquer que l’idée de nation n’est pas, en soi, royaliste. Au contraire, c’est un concept révolutionnaire. La meilleure preuve est que l’on a crié pour la première fois : «  Vive la Nation ! » lors de la bataille de Valmy en 1792. Son origine se trouve chez Jean-Jacques Rousseau : c’est le champ de la mythique «  volonté générale » chère à ce personnage, d’où découle ce que les constitutions républicaines appellent : la «  souveraineté nationale ». C’est parce que la construction européenne violait ce concept qu’un républicain sincère comme Jean-Pierre Chevènement a manifesté son opposition à l’Europe. Mais, soit dit en passant, c’est aussi cette conception poussée à l’extrême qui a conduit les Nazis a déifier la nation allemande. Ce n’est pas  notre vision des choses.

On ne le répètera jamais assez : la démarche de l’Action Française est empirique. Elle s’écarte résolument de toute idéologie. Pour nous, la nation française n’est pas une idée ou un concept ; c’est une chose réelle, tangible, charnelle, ancrée dans la géographie et dans l’histoire. A travers elle, c’est la masse extraordinaire des richesses matérielles, intellectuelles et spirituelles accumulées depuis des siècles par nos aïeux, qui nous est transmise. C’est un véritable trésor ! La première de ces richesses est notre langue, notre belle langue française, si riche , si sophistiquée et pourtant précise comme un scalpel !  Songez aussi à ses paysages, si divers, qui caractérisent si bien ses provinces. Songez à ses monuments, à ses magnifiques cathédrales comme à la plus humble église de campagne, à ses splendides palais comme au plus reculé de ses manoirs !  Pensez aussi à son histoire, à cette longue suite de rois et de héros,  qui se sont acharnés à construire et à défendre notre pays…Oui, loin de battre leur coulpe, les nationalistes français doivent aimer et admirer notre patrie et nos ancêtres !

La pensée de Charles Maurras et de ses amis est fondée sur une constatation fondamentale: l’homme n’existe pas – il n’aurait pas pu exister – individuellement. Physiquement, il n’a pu survivre que parce qu’il était né au sein d’une famille et qu’il bénéficiait, sans l’avoir voulu et même sans le savoir, de la protection de sa famille…Cette réalité  est bien éloignée de la fiction démocratique selon laquelle la société est fondée sur l’association d’ individus égaux passant un contrat ! De là découle la conclusion de l’Action Française pour laquelle la société humaine se compose de familles, non d’individus. L’intérêt véritable d’un individu dépend de la prospérité des groupements dont il fait nécessairement partie, dont le premier et le plus important est la famille. Ces diverses communautés s’emboîtent les uns dans les autres comme les poupées russes : collectivités locales ou régionales, communautés professionnelles ou associatives… Au-dessus de ces  groupements, existe celui qui contient tous les autres, la nation. Au plan temporel, c’est la plus vaste communauté naturelle possible. Nos anciens ont démontré qu’un Français  a plus d’intérêts communs avec les Français les plus éloignés de lui par leurs idées ou leur niveau de vie qu’il n’en a  avec les étrangers qui partagent le plus ses idées ou sa façon de vivre. Croire le contraire, c’est être victime de l’illusion marxiste. D’où l’on conclut que le salut de la nation est le bien humain le plus précieux pour chacun des membres de cette nation, « comme le salut d’un navire est ce qui importe par-dessus tout à l’équipage et aux passagers, du capitaine au dernier mousse, des passagers des premières aux voyageurs entassés dans la dernière classe ». Il s’ensuit, comme l’a écrit Maurras,  « qu’un nationaliste conscient de son rôle admet pour règle de méthode qu’un bon citoyen subordonne ses sentiments, ses intérêts et ses systèmes au bien de la Patrie. »

Puisque nous en sommes là, expliquons quelle différence existe entre « patriotisme » et « nationalisme ». Le patriotisme est le sentiment  de piété envers le sol national, la terre des ancêtres. Cette vertu s’applique en particulier  à la défense du territoire national lorsque celui-ci est attaqué par un ennemi extérieur. Mais hélas, nous le savons, les ennemis de l’extérieur ne sont pas les seuls qui menacent notre pays et ses trésors. Il existe aussi des ennemis de l’intérieur. Citons par exemple Jean Jaurès qui, dans les années qui précédaient la première guerre mondiale, a fait tous ses efforts pour désarmer la France, alors même que l’Allemagne se faisait de plus en plus menaçante. Rappelons-nous que le 1er Août 1914, un jour avant le début de la plus épouvantable boucherie que notre pays ait connue, Jean Jaurès écrivait encore dans le journal « L’Humanité » : «  Jamais les travailleurs allemands ne tireront sur leurs camarades français ». Il est intéressant de noter que le mensonge évident contenu dans cette tirade antimilitariste a tellement frappé le public que lorsque l’assassin de Jean Jaurès, arrêté immédiatement après son crime, fut jugé en 1919, il fut acquitté presque sans débat ! Ainsi, le nationalisme est un patriotisme défendant le pays contre tous ennemis quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, un patriotisme raisonné et « tous azimuts », pourrait-on dire. Il faut donc au chef de la nation la notion profonde des intérêts de ses nationaux, non de quelques-uns seulement, mais de tous ; des nationaux vivants, des nationaux à vivre, comme des nationaux morts. « Il lui faut même, disait Maurras, le pouvoir de défendre la France éternelle contre le caprice ou l’avidité de quelques-uns, ou de beaucoup, ou même de l’ensemble des Français d’une époque ».Une telle connaissance n’est pas la portée de n’importe quel politicien obsédé par sa réélection…L’expérience l’a prouvé : seul un Roi, par nature indépendant et ayant le temps devant lui, peut le faire. C’est pourquoi, comme nos Maîtres avant nous, nous avons conclu à la nécessité de la monarchie. Nous sommes de ce fait, comme on disait autrefois, des adeptes du « nationalisme intégral ».

Voici ce qu’on pouvait dire en si peu de temps sur le royalisme et le nationalisme.  Notre travail est de transmettre ces idées.

Jean Philippe Chauvin

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