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Créer l’ordre sans détruire la liberté

La Monarchie FrançaiseLe problème de l’Etat et celui de l’individu, le problème de la liberté et le problème de l’ordre, le problème politique et le problème social doivent être résolus en même temps. Gardons nous de simplifier. La Russie soviétique a soulevé dans des millions d’hommes l’espoir d’une société harmonieuse et de la libération humaine. Mais en confisquant à l’homme le domaine autonome et sacré de son activité personnelle, elle ne fait que le livrer sans recours à la tyrannie collective, et rétablit, au profit d’une nouvelle caste de bureaucrates, de partisans et de techniciens élevée sur les débris des anciennes élites exterminées, le pouvoir sans contrôle et la vieille servitude humaine dont elle avait fait entrevoir la fin. D’autres nations croient venir à bout des divisions dont périt la société moderne en pliant l’activité de chacun au contrôle absolu de l’Etat autoritaire et en imposant à tous, patrons et ouvriers, riches et pauvres, le service de la communauté et la dictature de l’intérêt général.

Est-ce cela que nous voulons ? Que les défenseurs de tels régimes prétendent avoir éliminé toute opposition n’est pas ce qui nous rassure. L’unanimité dont ils se réclament leur permet d’exclure de leur communauté, de condamner comme des criminels d’exception et de vouer à une véritable mort civile tous ceux qui ne leur apportent pas une adhésion active et un concours effectif. Nous ne voulons pas d’une France où les citoyens n’auraient d’autre garantie de vie et de liberté que leur conformité au sentiment de la masse. La domination du nombre organisé et militarisé n’en est pas moins la domination du nombre : la cohésion de la nation nouvelle, que nous voulons construire, ne doit pas être imposée, par la suggestion ou par la force ; elle sera dans l’équilibre, dans le respect des droits et des intérêts de chacun. Il est trop facile de créer l’ordre par la destruction de la liberté, l’autorité par un pouvoir unique et sans contrôle. Il est plus malaisé d’imaginer un pouvoir capable d’assurer l’ordre économique et l’ordre politique sans brimer l’indépendance et l’initiative de chacun. Tâche délicate, que seul peut remplir un régime délivré de la démocratie. Ou la démocratie est divisée, et son pouvoir est faible. Ou, pour être forte, elle est unanime, et cette unanimité ne peut être obtenue que par la violence ou le mythe. Ces difficultés sont dépassées du jour où l’on a compris que les citoyens ont besoin non de régir en maîtres – en maîtres bernés et dupés – l’activité publique, mais d’exercer dans la sécurité et la liberté leur activité privée non de souveraineté, mais d’indépendance ; non d’exercer le pouvoir, mais d’informer le pouvoir de leurs besoins, et d’être protégés contre ses abus.

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