Un certain 25 Octobre 732
Cet article est paru dans le dernier numéro de Prospectives Royalistes de l’Ouest, à télécharger gratuitement ici.
Il est des évènements que l’Histoire seule n’a pu faire passer à la postérité, et d’autres qui, couverts de légendes et d’idéaux, bercèrent et bercent encore des générations de jeunes français par l’héroïsme et le courage qui en suintent. La Bataille de Poitiers du 25 Octobre 732, si elle est historiquement débattue aujourd’hui, marqua de nombreuses générations de français et servit, à l’instar des fameuses images d’Epinal, à nourrir l’imagination et à façonner notre société.
Signalée par de nombreux auteurs latins, comme Bède le Vénérable, et quelques auteurs arabes comme Ibn ‘Abd al-Hakam, cette bataille oppose le général Omeyyade Abd Al-Rahman au Maire du Palais Charles Martel dans le cadre de l’expansion musulmane médiévale en Occident. Principalement motivée par l’appât du gain et les « razzia », cette première incursion musulmane dans les terres occidentale représente, comme le rappelle l’historien Jean Deviosse[1], la première pierre d’une réelle expansion musulmane, plusieurs années de razzia menant inéluctablement à une conquête définitive (Perse, Espagne notamment).
Après avoir perdu Bordeaux lors de la sanglante bataille de 732, Eudes d’Aquitaine appelle à l’aide son ancien ennemi, le fils de Pépin le Jeune, le Maire du Palais Charles dit Martel. Unificateur du Royaume Franc depuis sa victoire sur Rainfroi, Charles Martel répond donc à l’appel d’Eudes et s’élance pour défendre le sanctuaire national des Francs, la riche basilique Saint Martin de Tours vers laquelle s’avance également l’armée ennemie.
Plusieurs escarmouches, des confins du Poitou aux abords de la Touraine, précédèrent la grande bataille du 25 Octobre 732. Celle-ci débuta par un assaut de la cavalerie Omeyyade sur les lignes franques, « formés en palissade comme un mur immobile, l’épée au poing et tel un rempart de glace » comme le narrera Adriaan Vehulst[2]. Cette solidité, cette discipline dans l’épreuve marqua réellement les troupes arabo-berbères, et se révélèrent fondamentales dans le dénouement de cette bataille. Prenant alors à revers les assaillants reflués par les lignes franques, Eudes s’élance vers le camp musulman, semant la panique dans les lignes maures et tuant Abd Al-Rahman.
Cette victoire, si épique qu’elle puisse paraître, n’a pu connaître un tel retentissement sans la symbolique qui l’accompagne dès les croisades du XIV°Siècle à nos jours : celle de l’Occident Chrétien vainqueur de l’Islam conquérant. Si les inéluctables récupérations politiques pleuvent aujourd’hui, il faut savoir néanmoins garder à l’esprit l’intelligence et le bon sens qui parfois font défaut, en tirant de cette bataille cette seule leçon : la France s’est bâtie sur des racines chrétiennes, forgée et unifiée pour défendre ses traditions, sa culture et son Histoire. Tout le reste n’est que fioritures inutiles.
« Sans Charles Martel (…), la France était une province mahométane. »
Voltaire, Essai sur les moeurs
[1] Jean Deviosse, Charles Martel, Tallandier, Collection « Biographie », 16 Octobre 2006
[2] Adriaan Vehulst, La construction carolingienne tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, page 194.