Homoparentalité et effacement du père ou de la mère : « Je ne connais pas de cas dans lesquels il n’y a pas de conséquence »
Atlantico : Certaines études affirment que la construction personnelle de l’enfant ne serait pas affectée par le fait de grandir dans une famille homoparentale. Pensez-vous qu’un enfant puisse être perturbé en étant élevé par deux parents du même sexe ?
Jean-Pierre Winter : Je ne poserais pas la question de cette manière car cette formulation nous est imposée par les militants de la cause homoparentale. Je dirais plutôt que tous les enfants ont un père et une mère. Ma question est donc de savoir quel est l’effet, soit dans le cas d’un couple de lesbiennes, soit dans le cas d’un couple de gays, de l’effacement d’un des deux parents. Ce qui me soucie, par expérience professionnelle, c’est de savoir comment, sur plusieurs générations, l’effacement d’une personne qui a contribué à la conception, aura des conséquences sur le psychique de l’enfant. En l’occurrence, je ne connais pas de cas dans lesquels il n’y a pas de conséquences. Même si on nous dit que les enfants élevés dans des familles homoparentale n’ont pas plus de problèmes que les autres, je pense qu’on n’a pas le recul qui permettra de savoir comment dans un temps plus long cette situation peut évoluer psychologiquement. Le temps du psychisme n’est pas le temps de la politique.
Par ailleurs, on sait très bien que l’adoption n’est en elle-même pas simple, même pour des couples hétérosexuels. Il n’y a donc pas lieu de penser qu’en compliquant la tâche, cela s’avérera plus facile. Pour l’instant, toutefois, on ne sait pas comment cela peut évoluer.
Le schéma traditionnel de la famille a été mis à mal ces dernières années. Divorces, mères célibataires… dans ces conditions, le couple homosexuel n’est-il pas un moindre mal pour un enfant ?
Pourquoi ce serait un moindre mal puisqu’il n’y a aucune raison de penser que les couples homosexuels ne posera pas autant de problèmes que les couples hétérosexuels ? Penser cela serait partir de la position de principe que les couples homosexuels seraient plus favorables a priori à des couples hétérosexuels.
Personne n’a dit que c’était un idéal que de se faire élever par une mère seule. Ceci dit, elle éduque seule l’enfant, toutefois, elle ne nie pas qu’elle a fait cette enfant avec un homme et qu’il est le produit d’un accouplement entre deux personnes du sexe opposé. Le problème réside dans le fait que quelque soit la structure de la famille, un enfant a un père et une mère. Le reste relève simplement de l’éducation. La question au cœur de l’enjeu est la filiation.
Pour prendre un exemple d’un point de vue historique, le cinquième commandement biblique énonce « tu honnereras ton père et ta mère ». Il a été écrit dans une société non seulement patriarcale mais aussi polygame. Même dans un tel modèle, l’enfant était référé à son père et à sa mère.
C’est aujourd’hui la négation de cette réalité biologique qui peut poser problème.