Et la question du bien ?
Le gouvernement socialiste semble décidé à légiférer en faveur du « mariage » homosexuel. Celui-ci, toutefois, suscite une opposition plus forte que prévue, notamment en raison de la possibilité d’adoption qui est inscrite dans le projet de loi. La contestation est forte en particulier dans les milieux concernés de près ou de loin par le développement et le bien des enfants. Les psychologues – comme tout être ayant conservé le sens commun – savent bien qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour se structurer et se développer harmonieusement.
La question de l’enfant est au demeurant symptomatique dans cette affaire. Elle révèle les mentalités effroyablement égoïstes de l’époque, qui ne s’intéresse qu’au désir des individus, en l’occurrence celui des adultes d’avoir un enfant dont le statut passe de sujet à objet – comme s’il y avait un « droit à l’enfant » –, alors que personne ne semble plus se soucier d’abord de ce qui est bon pour lui ! Plutôt qu’un droit à l’enfant, il serait bon de songer au droit de l’enfant, le but de l’adoption étant avant tout de donner un père et une mère à un enfant qui n’en a plus.
La mobilisation contre le projet gouvernemental est donc assez forte et l’on ne peut que s’en réjouir (1). Chacun sent bien qu’une telle loi, au-delà du symbole, marquerait une rupture anthropologique majeure. Gilles Bernheim, par exemple, grand rabbin de France, a été très clair dans un petit essai incisif publié sur internet le 18 octobre : « Ce qui pose problème dans la loi envisagée, c’est le préjudice qu’elle causerait à l’ensemble de notre société au seul profit d’une infime minorité, une fois que l’on aurait brouillé de façon irréversible trois choses : 1) les généalogies en substituant la parentalité à la paternité et à la maternité, 2) le statut de l’enfant, passant de sujet à celui d’un objet auquel chacun aurait droit, 3) les identités où la sexuation comme donnée naturelle serait dans l’obligation de s’effacer devant l’orientation exprimée par chacun, au nom d’une lutte contre les inégalités, pervertie en éradication des différences » (2).
Si cette mobilisation permettait d’empêcher l’adoption d’une loi aussi contraire au bien commun, ce serait pour la première fois une victoire importante contre la « culture de mort » archi-dominante. On mesure néanmoins l’emprise du « politiquement correct » par le fait que beaucoup d’arguments entendus ici ou là combattent le « mariage » gay et l’adoption tout en s’empressant d’affirmer la pleine légitimité des unions homosexuelles, lesquelles ont d’ailleurs déjà un statut tout à fait légal avec le Pacs. La grande question évacuée dans ce genre de débat est celle, pourtant centrale, du bien, c’est-à-dire de la légitimité, pour l’État, de reconnaître de telles unions.