Non au mariage homosexuel
Dans une tribune libre publiée par le Figaro le 20 mai 2012, Chantal Delsol, philosophe, ose un constat que la société moderne prétend nier :
« (…) quand la chrétienté s’efface, c’est comme si on nous retirait le sol sous les pieds – plus rien ne reste. C’est à dessein que je dis «rien». Car l’exigence du mariage homosexuel, et de l’adoption des enfants qui va avec, est un dessein nihiliste. Non parce qu’il va contre la «nature». Mais parce que, par principe, il refuse de débattre sur la question des limites: tout ce que je veux, et tout de suite, et quelles qu’en soient plus tard les conséquences. Deux facteurs suscitent ce nihilisme. Le premier est la détestation de la religion, de ses dogmes et de ses interdits : et les adeptes de ces mesures sont clairement prêts à tout, et même à tout casser, pour briser définitivement des croyances ennemies. D’où la haine qui les porte, d’où une telle hargne qui les a portés (contre toute légalité démocratique, à force de menaces et de lobbying) à rendre illégale toute opinion contraire à la leur. (…) Le deuxième facteur, c’est le remplacement des valeurs morales par l’unique critère de la souffrance et du désir individuels: empêcher deux homosexuels de se marier est inhumain, car enfin ils en souffrent. Pourquoi les en empêcher puisqu’ils s’aiment ? Avec ce raisonnement, on justifie n’importe quoi. Des Hollandais ont contracté un mariage à trois. Un jeune Australien s’est marié l’année dernière avec son chien. Des enfants de 10 ans pourraient se marier, s’ils s’aiment. Et aussi un père avec sa fille de 10 ans, s’ils s’aiment. Lorsque plus rien n’arrête le désir, ni la religion ni la tradition, ni aucune sagesse plus haute, alors les dégâts ne sont pas loin. Nos contemporains, d’ailleurs, le savent bien, puisque dans tous les autres domaines ils militent contre la loi du désir tout-puissant : face à l’environnement, face à l’économie. Dans ces domaines, ils sont conservateurs au bon sens du terme: au sens où nous devons conserver l’avenir. Pourquoi faudrait-il limiter nos caprices dans le but de protéger l’avenir des forêts ou celui des salariés, et non de protéger l’avenir de la famille et de la filiation? »