La broderie, un art sacré
Au début de l’ère chrétienne, les Romains découvrent à Byzance la broderie, déjà solidement implantée. Avec l’expansion de l’Eglise et les Croisades, cet art byzantin s’implante en Europe et se développe sur les vêtements et les décorations liturgiques jusqu’au XIIème siècle.
Au XIIIème siècle apparaissent de nouveaux styles européens, notamment l’opus anglicanum aux broderies d’or et de soie, et l’opus teutonicum brodé aux fils blancs sur fond blanc. Innocent III établit un canon des couleurs pour l’église de Rome : blanc et or pour Noël, Pâques, l’Ascension et les fêtes de la Vierge, rouge pour la Pentecôte, vert pour les jours ordinaires, noir pour le deuil et la pénitence, puis violet pour l’Avent et le Carême.
De la Renaissance au XVIIIème siècle, artistes et brodeurs s’associent pour créer des œuvres remarquables qui rivalisent avec les œuvres picturales grâce aux techniques de l’« or nué » et à la peinture à l’aiguille. Réalisé par des maîtres-brodeurs chasubliers ou des religieuses, le travail relève du sacerdoce, mais il permet à l’exécutant d’exprimer sa foi.
Après la Révolution et l’abrogation des lois somptuaires, la broderie se démocratise au XIXème siècle. Elle n’en garde pas moins un rapport au sacré, puisque les plus beaux costumes sont arborés aux fêtes religieuses et que des parures brodées sont offertes en ex-voto à la Vierge. Beaucoup de croyants se font même ensevelir dans leurs plus beaux atours, sans doute soucieux d’élégance pour leur dernier voyage.
Objets de collection scrupuleusement restaurés et conservés dans les églises bretonnes, les bannières du XXème siècle perpétuent l’expression religieuse par l’art de la broderie, et il s’en confectionne encore aujourd’hui à la maison Le Minor, dans le Finistère.