5 Janvier 1759 : Naissance du « Saint de l’Anjou », Jacques Cathelineau
Le 5 janvier 1759 naissait Jacques Cathelineau, qui fut l’âme de l’insurrection vendéenne, l’incarnation de son caractère éminemment populaire et religieux. Enfant, Jacques Cathelineau fut placé chez l’abbé Marchais, curé de La Chapelle-du-Genêt dont les sermons faisaient autorité dans les Mauges. Il en retira une grande piété et une éducation peu commune pour sa condition. Quelques années plus tard il acquit deux chevaux et se fit voiturier colporteur. Aidé de son frère Pierre, il parcourait les foires des villes et les campagnes les plus reculées. À l’époque de la Révolution, Cathelineau comptait parmi les hommes les influents du pays.
D’abord indifférent aux événements, il entra peu à peu en résistance à l’annonce des mesures antireligieuses. Hostile à l’intrusion des prêtres jureurs et aux persécutions contre les réfractaires, il conduisit lui-même les processions clandestines de l’été 1791, à Notre-Dame de la Charité et à Bellefontaine. Les autorités virent ces réunions d’un mauvais œil et ordonnèrent la destruction des sanctuaires.
L’étincelle de l’insurrection vint de la levée de 300.000 hommes décrétée le 24 février 1793. La colère qui couvait depuis plus de deux ans fit place au soulèvement. Averti par son cousin de la révolte des conscrits de Saint-Florent le 12 mars, Cathelineau entrevit aussitôt les conséquences de leur geste et la nécessité de contrer la riposte des républicains. Son autorité et son charisme le placèrent naturellement à la tête des insurgés du Pin qui écrivirent le premier chapitre de la Guerre de Vendée.
Il fallait à présent prendre les devants de la contre-attaque ennemie. Cathelineau fit route vers Vihiers et se heurta le 16 mars à une armée de plus de 2.000 soldats républicains, les Bleus, cantonnés à Coron. Cette première bataille rangée se solda par une nouvelle victoire pour les Blancs qui investirent Vihiers le lendemain. La libération des Mauges s’acheva le 22 mars par la prise de Chalonnes. Cathelineau put regagner son foyer pour célébrer Pâques.
La riposte républicaine ne tarda pas. Le 10 avril, une armée commandée par Berruyer se massa sur le Layon. Elle se heurta le lendemain à Cathelineau et d’Elbée au Grand Choc de Chemillé, mais les insurgés y épuisèrent toutes leurs munitions et durent se replier. Bonchamps sur la Loire et Stofflet sur la route de Vihiers ne pouvaient non plus faire face à l’offensive. L’insurrection était sur le point de succomber. Son salut lui vint d’un jeune homme de vingt ans, Henri de La Rochejaquelein dont le premier fait d’armes aux Aubiers avait rendu maître de quantité de munitions et de poudre. Il proposa son butin à Cathelineau qui lui donna rendez-vous à Cholet pour le 18 avril. À la vue de l’ennemi, la garnison républicaine de la ville s’enfuit, à l’exception d’un noyau d’irréductibles qui se barricada quelque temps dans le château du Bois-Grolleau. Le 22 avril, les insurgés avaient repris possession des Mauges. Cathelineau en profita pour retrouver sa femme, mais dut bientôt regagner Cholet pour un nouveau conseil.
Partis de Cholet, le lieu de leurs rassemblements, les Blancs marchèrent sur Saumur. Lors d’un accrochage à Concourson, le 7 juin, le cheval de Cathelineau fut emporté par un boulet. Le commandant sauta sur une autre monture avant de repartir à l’attaque. Les villes tombèrent une à une, Doué, Montreuil-Bellay, puis Saumur le 9 juin, qui livra aux vainqueurs des milliers de fusils, des canons, des munitions et de la poudre en quantité. L’ancien colporteur des Mauges, simple fils de maçon, y fut proclamé le 12 juin généralissime des Armées catholiques et royales, à l’heure où les armées républicaines étaient commandées par d’anciens nobles ralliés à la Révolution.