31 janvier 1794, massacres au pays des Herbiers
Les récits ne manquent pas pour attester les crimes commis par les troupes républicaines en Vendée. Mais les plus implacables émanent souvent des patriotes locaux, voire de témoins inattendus, comme Joseph Lequinio, député du Morbihan à la Convention, envoyé dans l’Ouest au plus fort de la Terreur.
Son mémoire publié en octobre 1794, et qu’on ne peut suspecter d’aucune sympathie à l’égard des insurgés, critique avec force les exactions des généraux incendiaires, en particulier Grignon, mais aussi la responsabilité de Robespierre qui « fut l’âme de toutes ces horreurs ». La marche des Colonnes infernales qu’il dépeint dans son livre recoupe les témoignages des Vendéens, autant que les lettres et rapports des autorités qui en dénonçaient les crimes.
Venue du Bressuirais qu’elle a ravagé durant cinq jours, la colonne de Grignon franchit la Sèvre le 26 janvier 1794, pour continuer son œuvre à travers les collines du Haut-Bocage. Le général Grignon « incendie tous les villages depuis La Flocellière jusqu’aux Herbiers, dans une distance proche de trois lieues, où rien n’est épargné, les hommes, les femmes, les enfants même à la mamelle, les femmes enceintes, tout périt par les mains de sa colonne ; en vain de malheureux patriotes, leurs certificats de civisme à la main, demandèrent la vie à ces forcenés ; ils ne sont pas écoutés ; on les égorge. Pour achever dépeindre les forfaits de ce jour, il faut dire que les foins ont été brûlés dans les granges, les grains dans les greniers, les bestiaux dans les étables, et quand de malheureux cultivateurs connus de nous par leur civisme, on eut le malheur d’être trouvés à délier leurs bœufs, il n’en fallu davantage pour les fusiller ; on a même tiré et frappé à coups de sabre des bestiaux qui s’échappaient […]