Simone Weil : il faut supprimer les partis politiques
Simone Weil a été une étoile filante dans l’histoire de la pensée française. Élève de Alain, celui-ci la juge non pas « supérieure à ceux de sa génération, mais très supérieure ». Engagée à gauche, elle fera pourtant de Gustave Thibon 1 son exécuteur testamentaire. Elle rejoindra Londres fin 1942, où elle mourra d’épuisement, en août 43, au service de la France libre.
Ses écrits témoignent d’une exigence absolue, intransigeante, envers la liberté. Lire Simone Weil est un véritable bonheur, une cure d’intelligence et de pureté. C’est pourquoi il faut remercier Jean-Marie Lhôte d’avoir réédité en ce début d’année, chez Berg International, un petit texte de 1943, un de ses derniers : « Note sur la suppression générale des partis politiques ». Le titre à lui seul montre l’indépendance d’esprit, l’anticonformisme de l’auteur. En moins de 40 pages, elle montre la nocivité des partis politiques pour la pensée et pour la démocratie. Le lecteur s’étonnera de constater combien ce texte, âgé de 70 ans, est actuel et pertinent pour la France de notre temps. Citons-en les dernières lignes :
« Presque partout – et même souvent pour des problèmes techniques – l’opération de prendre partie, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à l’obligation de la pensée. C’est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s’est étendue, à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée. Il est douteux qu’on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques. »