Justice

Des limites de la centralisation judiciaire

Tribunal de GuingampTous les français se souviennent, souvent avec désolation d’ailleurs, des dramatiques conséquences du redécoupage de la carte judiciaire de 2010 : de nombreux tribunaux fermés et des délais de jugements dramatiquement rallongés notamment. L’exemple de Guigamp est particulièrement révélateur : selon un récent rapport de Serge Daël, conseiller d’état honoraire, il faut compter pas loin de 8 mois d’attente pour obtenir un audiencement dans le cadre d’une procdéure hors-mariage ou après divorce, contre deux auparavant.

La fermeture du Tribunal de Grande Instance de Guingamp avait été, à l’époque, une grande surprise pour les habitants. Ce cas n’est évidemment pas isolé (on évoquera par exemple le cas similaire de Pontivy (56)), mais, comme le souligne le même rapport : « au vu des seuls seuils quantitatifs (critère non-exclusif) la fermeture de Guingamp ne s’imposait pas et a, d’ailleurs, été une surprise ».

Ce rapport se termine par une mise en avant du rôle positif d’une chambre détachée, posant les premiers pas vers un retour de la Justice dans cette zone des Côtes d’Armor : Dans son ressort la chambre détachée, administrée par son président, peut juger des affaires tant civiles que pénales. Sauf son siège et son ressort, c’est une chambre du TGI exactement comme une autre […] »

La république commence à entrevoir les limites d’une centralisation extrême : le peuple français en paye aujourd’hui les pots cassés. Parce que la « centralisation est intrinsèque à la république », comme disait Maurras, elle ne peut concevoir de décentralisation réelle, d’autonomie véritable des instances ainsi créées : la Justice n’est, au fond, qu’un exemple de plus témoignant de l’absurdité politique et sociale de la république. Bien d’autres voies seraient à soulever et, au premier rang, l’accueil médical. Mais gageons que les quelques bonnes intelligences qui subsistent aujourd’hui dans les institutions pourront souligner cette aberration systémique et stopper, si c’est encore possible, l’actuelle renforcement de la centralisation institutionnelle.

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