Les casseurs de l’automobile
Des parts de marché qui s’effondrent, 9 500 suppressions de postes annoncées chez PSA, 8 000 chez Renault : le temps presse pour sauver ces entreprises, mais les obstacles s’accumulent.
Le feu est dans la maison pour PSA, qui a perdu 5 milliards d’euros en 2012. Renault ne doit son bénéfice qu’à une plus-value exceptionnelle. Tous deux souffrent de surcapacité et leurs usines françaises ne sont plus compétitives. Le marché français pour les véhicules particuliers a baissé de 13 % l’an dernier : PSA affiche un recul de 17 %, le groupe Renault chute de près de 20 % tandis que les constructeurs allemands et japonais résistent ou progressent et que les Coréens font une percée (de 29 % pour le groupe Hyundai).
Signe du déclin de l’automobile française, en 2000 la branche dégageait un excédent commercial de près de 10 milliards d’euros. Elle est déficitaire depuis 2008 : de 5,2 milliards en 2011, de 3,4 milliards en 2012. Au-delà du cycle défavorable et de la maturité des marchés en France et en Europe, il existe un problème spécifiquement français. Certes, il y a eu la crise. Mais les constructeurs américains, plus violemment frappés, ont su rebondir (voir graphique page 48). Entre les rodomontades du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et les combats retardataires des syndicats, tout semble avoir été fait en France pour décourager une industrie qui emploie encore directement 140 000 salariés sur le territoire national. Qui veut casser l’automobile française ?
Une compétitivité bridée
Problème de l’industrie française encore une fois mis en lumière l’an dernier par le rapport Gallois, le manque de compétitivité touche particulièrement la branche automobile. Depuis dix ans, les marges n’ont cessé de baisser et sont au plus bas depuis vingt-cinq ans. En cause, la durée du travail, les charges sociales et les coûts de maintien en activité de sites sous-employés. Les lois sur les 35 heures ont abouti à une durée du travail parmi les plus faibles au monde. L’un des objectifs du plan de compétitivité proposé aux syndicats de Renault en France est d’augmenter le temps de travail pour revenir aux 35 heures ! « Nous étions jusque-là en deçà », dit le président de Renault Carlos Ghosn.