Contre-argumentaire aux revendications homosexualistes
S’il est un argument qui a souvent été avancé à l’encontre de leurs opposants par les partisans du mariage, de l’adoption et de la PMA pour les couples de même sexe, c’est bien celui-ci :
« On ne vous enlève rien, on n’enlève rien à qui que ce soit, alors pourquoi résistez-vous ? On comprend que vous ayez manifesté pour défendre l’école libre car c’était pour préserver vos droits, mais pourquoi manifester contre les droits d’autrui ? »
Je souhaite ici démonter cet argument en montrant que, d’une part, ces revendications ont un coût pour la société et que, d’autre part, elles sont avant tout idéologiques.
Un coût pour la société
Premièrement, les opposants manifestent bien pour les droits d’autrui puisqu’ils manifestent pour les droits de l’enfant – un autre qui n’est pas en capacité de se défendre lui-même.
Pour autant, le principal slogan retenu par la manif du 13 janvier dernier, « Tout enfant a droit à un papa et à une maman », ne permet pas de clarifier les enjeux mais, au contraire, ajoute à la confusion ambiante. Outre le fait qu’il emploie le langage infantilisant malheureusement en vogue dans notre société de l’émotion et du pathos, ce slogan méconnait le fait évident que beaucoup d’enfants n’ont pas à leur côté un père et une mère. Pour autant, quand l’un des parents est mort ou en cas de séparation si l’un des parents (en général le père) ne voit plus sa progéniture, l’enfant, quoique privé de la présence d’un des deux parents, sait d’où il vient, et c’est là une chose fondamentale. L’ordre symbolique étant préservé, sa construction, si elle a des chances d’être plus difficile que celle d’un enfant qui a ses deux parents, a aussi des chances d’être moins entravée que celle d’un enfant qui a pour origine un grand point d’interrogation.
Deuxièmement, l’ouverture de l’adoption aux couples de même sexe n’est pas sans conséquences pour les couples hétérosexuels souhaitant adopter, bien au contraire. Car, et il faudrait que ça se sache, les enfants à adopter sont une denrée de plus en plus rare. Depuis la généralisation de la pilule (et de l’avortement), le nombre d’enfants à adopter a diminué de façon considérable dans les pays occidentaux. Les couples occidentaux se sont alors tournés vers l’adoption internationale, mais celle-ci se tarit aussi avec la nouvelle donne géopolitique. Dans les pays pourvoyeurs, le développement économique et l’émergence d’une classe moyenne signifie que de plus en plus d’enfants peuvent être adoptés dans leur propre pays. Qui pourra nier qu’il vaut mieux ne pas couper un enfant – qui plus est un enfant qui a déjà subi le traumatisme de l’abandon – de ses racines et de sa culture ? Faire le contraire, c’est l’exposer à un double manque, et à une double quête identitaire. Cette voie déjà de plus en plus étroite de l’adoption internationale va bientôt se fermer encore plus pour tous les couples français en mal d’enfant car certains pays et non des moindres – Chine, Vietnam – refuseront de laisser leurs orphelins partir vers un pays où ils peuvent être adoptés par des couples homosexuels. Cela nuira à tous les adoptants français, comme les spécialistes de l’adoption ont essayé de le souligner dans un silence assourdissant. Car les activistes de l’adoption homosexuelle se fichent pas mal des conséquences pratiques de leurs revendications. C’est bien une victoire symbolique qu’ils veulent et ils ne se satisferont pas à moins.