Economie

Le lait va continuer à déborder

Agriculture bretonneVaches maigres, vaches grasses… Certains producteurs sont au bord du gouffre, mais les prix sont appelés à se redresser. Une situation désormais presque banale.

Pourquoi les éleveurs laitiers n’ont-ils pas le moral ?

Vague de suicides dans le Finistère, lettre ouverte d’Agnès Le Brun, maire de Morlaix et députée européenne, au président Hollande, actions commandos contre des grandes surfaces… La planète laitière est en ébullition. La forte augmentation des charges liée à l’envolée du prix des céréales et du soja pèse sur les trésoreries des exploitations et mine le moral des plus fragiles. Dans le même temps, les céréaliers affichent une santé insolente : 72 000 € de revenus annuel contre 26 000 pour les producteurs de lait. « Si on intègre le temps de travail, l’écart va de un à dix. Une exploitation céréalière de 130 ha, c’est aujourd’hui un gros mi-temps », analyse Alain le Boulanger, directeur des études économiques au CER France Normandie Maine. En 2001, le prix payé aux producteurs avait varié de 16 %, contre 54 % au cours des douze derniers mois. Pas simple à gérer.

Une restructuration à la hache

En dix ans, près de la moitié des producteurs laitiers a disparu pour une production quasi équivalente. Et ce n’est pas terminé. Un producteur sur cinq n’arrive pas à s’en sortir. Ceux qui le peuvent abandonnent le lait pour les céréales. Un pari gagnant tant que le prix des céréales reste élevé. Ce découragement commence aussi à gagner les éleveurs bio qui bénéficient pourtant de perspectives plus favorables : prix plus élevés que le lait conventionnel, demande en progression.

La sécheresse en Nouvelle-Zélande comme bouée de sauvetage

Alain le Boulanger ne croit pas à une crise comme celle de 2009 qui avait vu certains éleveurs se lancer dans la grève du lait. Car les prix devraient se redresser. Et très vite. La sécheresse qui sévit en Nouvelle-Zélande fait flamber la poudre de lait entier (+ 60 % en deux mois) ou la matière grasse (+ 36 %). Les vaches néo-zélandaises qui sont à l’herbe toute l’année n’ont plus rien à manger. Et sortent du circuit. Tout bon pour les Européens.

Retrouver des perspectives

« Les producteurs ont besoin de retrouver des perspectives et du sens », explique Alain Le Boulanger. Les Hollandais et les Irlandais ont déjà annoncé leurs intentions : produire le maximum de lait dès que l’Europe fera sauter les derniers contrôles, en 2015. Il manque à la France de vrais dispositifs fiscaux pour aider les producteurs à provisionner en prévision des années de vaches maigres. La planète laitière apparaît aussi de plus en plus éclatée. Selon que les producteurs livrent en bio pour des produits industriels (beurre, poudre) ou des fromages AOC, on est toujours dans le lait, mais plus dans le même marché.

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