Les dessous de la Charte
Texte écrit par Franfil et publié sur le site En mode veilleur (http://enmodeveilleur.blogspot.fr/) via AF Provence :
Le ministre de l’Education nationale a rendu publique la Charte de la laïcité à l’école (1). Comme beaucoup de textes voulant réaffirmer des principes, c’est une compilation d’idées rabâchées et de propos imprécis. On pense déjà qu’elle sera vue comme « molle et imprécise ». Quelques avis ont été donnés, comme les doutes du Défenseur des droits, mais le destin de cette charte semble se rapprocher de celui des rapports de commission adhoc ou de comité théodule… On imagine déjà la vieille feuille placardée dans un coin du couloir de l’école la plus proche, usée par les passages des parents sans un regard pour le texte scotché…
Cependant, mettre en perspective cette charte avec le combat politique que mène ouvertement M. Peillon à l’heure actuelle permet de cerner les enjeux idéologiques et sociaux qu’elle implique, de manière peut-être plus autoritaire que d’autres productions ministérielles.
Les premiers articles sont extraits de la Constitution et semble donner un aspect officiel et législatif. Pourtant, la seconde partie de la charte est formée de principes s’appliquant aux personnels et élèves qui n’ont de légitimité que celle de la logique voulue dans cette charte.
« La laïcité de l’École offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté. » (article 6 – voir le commentaire de G. Leclerc)
» Par leurs réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la laïcité au sein de leur établissement. » (article 15)
Ainsi, le Ministre Peillon donne sa lecture de la laïcité pour les fonctionnaires et « usagers » de l’école ; chose particulièrement sensible quand on sait la polysémie de l’idée de laïcité en France.
Faire l’exégèse de ce principe républicain, donner la version ministérielle de la laïcité dans l’Education nationale : voilà le but. Or, cette volonté doit être rapprochée des lignes que Peillon a fixées à son ministère. Il n’est pas fortuit que cette charte arrive au moment où une moitié d’académie teste un dispositif pour éradiquer les « présupposés » sexués dans l’éducation et permettre la mise en place de l’enseignement du gender, non plus comme théorie mais comme principe de base de l’ensemble des matières enseignées (2). Après cette charte, rien ni personne ne pourrait contester cette pédagogie « gender » car » Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme. » (article 12).