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Suite au Cercle d’Etudes (4/5) : Léon Daudet, le talentueux orateur

Léon DaudetFigure emblématique de l’Action Française des années 1930, Léon Daudet excellera dans de nombreux domaines littéraires, au grand dam de ses pourfendeurs et détracteurs, ceux là même qui redoutaient quotidiennement de devenir la « cible d’un jour » du talentueux polémiste.

Né le 16 Novembre 1867 à Paris, le fils aîné de l’écrivain Alphonse Daudet côtoya pendant toute sa jeunesse de nombreux écrivains de talent, de Gustave Flaubert à Emile Zola en passant par Renan et Meyer, formant par là même son esprit critique et littéraire avec les plus grands maîtres que l’on eut pu rêver. Comme il l’écrira plus tard dans son ouvrage Fantômes et Vivants :

« Fils d’un écrivain célèbre et qui avait non seulement le goût, mais la passion des échantillons humains, depuis le vagabond de la route jusqu’au plus raffiné des artistes, j’ai été en relation avec beaucoup de gens »

Etudiant brillant au Lycée Charlemagne puis au Lycée Louis le Grand (il est lauréat du concours général), il y reçoit notamment l’enseignement du philosophe kantien Auguste Burdeau, qui avait déjà formé en son temps Maurice Barrès. Se lançant dans de brillantes études de médecine, il échouera malheureusement au concours d’interne en 1891. De ces années d’études, Daudet écrira Les Morticoles (1894), critique sans ambages d’un monde médical en pleine déliquescence morale.

En 1891, il se marie civilement avec Jeanne Hugo, la petite fille de l’écrivain homonyme, celle-ci suivant scrupuleusement l’interdiction formelle de se marier à l’église donnée par son grand-père. Mariage sans joie, il donnera néanmoins l’occasion à Léon Daudet de côtoyer de grands noms de la scène républicaine, comme Edouard Lockroy, le beau-père de sa femme. Il commence en parallèle une carrière remarquée de journaliste et critique, voguant entre le Figaro et la Libre Parole d’Edouard Drumont.

Mais, quelques jours après sa séparation avec Jeanne, se passera un évènement qui changera sa vie, comme celle de tant d’autres : l’affaire Dreyfus éclate, et il couvre pour le Figaro la dégradation de celui qu’il décrira déjà « de couleur traître ». S’il est encore républicain, il deviendra clairement nationaliste et n’aura de cesse de défendre sa Patrie face aux attaques de ceux qu’il dénoncera dans son ouvrage au titre éloquent le pays des parlementeurs

Au cours de l’année 1899, il rejoindra avec sa mère La Ligue de la Patrie Française de Jules Lemaître et continuera son œuvre journalistique au sein de médias prestigieux comme Le Soleil, le Gaulois ou encore la Libre Parole. Mais c’est au début du XX°Siècle que le républicain Daudet deviendra le royaliste que la postérité connaîtra. En 1903, il épouse Marthe Allard sa cousine, qui écrira plus tard dans la rubrique culinaire de l’Action Française sous le pseudonyme de Pampille. Mais c’est surtout sa rencontre avec le Duc d’Orléans en 1904 qui fera balancer Léon Daudet dans la défense de la pensée royaliste.

Léon DaudetC’est d’ailleurs sur une immense partie de son héritage (300 000 francs) que sera fondé l’Action Française en 1908 dont il devient rapidement l’éditorialiste et le rédacteur en chef. Passionné et passionnant, il fut une véritable figure de la vue culturelle et politique du jeune XX°Siècle : articles polémiques au style populaire, vif et amusant, charriant les injures, mais aussi essais, livres d’histoire et romans se succédèrent à un rythme soutenu. Le personnage est un colosse truculent, sanguin, pittoresque, mangeant, buvant (plusieurs bouteilles de bourgogne par repas), écrivant, discourant sans cesse. Élu député de Paris en 1919, il va dominer la Chambre de sa puissante personnalité. Il ne mène pas seulement un combat politique pour préserver les acquis de la victoire face à Aristide Briand. Il défend aussi la culture française, notamment dans un discours demeuré célèbre sur les humanités.

L’assassinat de son fils Philippe, âgé de quatorze ans, en novembre 1923, l’atteint cruellement. Condamné pour avoir défendu sa mémoire et condamné les agissements d’une république corrompue et meutrière, il s’enferme dans les bureaux de l’Action française avant de se rendre à la police (juin 1927). Il est emprisonné mais bientôt libéré par un stratagème des Camelots du Roi. Il s’exile alors en Belgique d’où il ne reviendra, gracié, qu’en janvier 1930.

De retour à Paris après avoir été gracié, il reprend sa place au journal et participe activement à la vie politique : il dénonce la corruption du régime, il prédit la guerre, soutient le fascisme de Mussolini mais redoute le relèvement de l’Allemagne et espère, lors de la manifestation du 6 février 1934, la chute de la Gueuse.

Dans les premières années de la Guerre, l’occupation allemande désole ce patriote résolument latin et viscéralement antigermanique, qui a depuis les années 1920 beaucoup tempéré son antisémitisme. Comme il l’écrira lui-même dans Paris vécu, rive droite :

 « En ce qui concerne l’antisémitisme, il y a belle lurette que j’en suis détaché de toutes manières […] et que le développement de mon être intérieur m’a plutôt porté à essayer de comprendre Israël et la raison de ses coutumes et de leur persistance qu’à la maudire. Je ris quand j’apprends que des personnes me croient encore dans le même état moral vis-à-vis des fils de Sem qu’il y a trente ou vingt-cinq ans. […] Dans toute cette affaire de décomposition et de l’enjuivement de l’État français, c’est la démocratie qui est coupable et non le juif. Cela Drumont n’a jamais voulu le comprendre, pas plus qu’il n’a voulu admettre que la thèse des deux races était une erreur. »

Il meurt en 1942 à Saint-Rémy-de-Provence, dans le pays des « Lettres de mon moulin ». Sa tombe est visible au cimetière de Saint-Rémy.

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