Compte Rendu du Café Politique du 20 Mars : Le Totalitarisme et la Modernité
Ce Jeudi 20 Mars se tenait l’un de nos cafés politique sur le thème « Le Totalitarisme et la Modernité », animé par M.Joël Hautebert, Professeur de Droit à la Faculté d’Angers.
Dans un premier temps et afin de partir sur de saines bases, l’intervenant a redéfini les deux termes, Totalitarisme et Modernité. Le Totalitarisme tout d’abord reste avant tout un terme nouveau, remplaçant l’antique Despotisme ou Tyrannie, particulièrement étudié par Hannah Arendt, philosophe célèbre du début du XX°Siècle. S’inspirant de la méthode de Montesquieu sur la définition des Pouvoirs, elle en déduit cette dualité caractéristique du Totalitarisme : La Terreur comme Nature, l’Idéologie comme Principe (Moteur). De fait, cette dualité peut aisément se décliner dans les deux grands totalitarismes évidents du XX°Siècle, à savoir l’Allemagne National-Socialiste et l’URSS communiste.
Développant le Principe Totalitaire, à savoir l’idéologie, M.Hautebert a également défini le terme de Religions intramondaine, notamment développé par l’écrivain Eric Voegelin dans son ouvrage Les religions politiques. Ce terme de Religion intramondaine défini l’état où, sans Dieu, tout peut être divinisé à l’envie : Race, République, etc…
La Modernité, quant à elle, définit toute pensée postérieure à l’écroulement de la res publica christiania, en s’appuyant notamment sur quelques auteurs célèbres comme Machiavel, Jean Bodin, Hobbes ou encore J.Locke. Dans cette pensée, l’homme tend à s’émanciper de Dieu, à rompre toute contrainte. L’une des consécrations les plus visibles de cette pensée reste le Contrat Social, défini par Rousseau : la société n’est plus une création naturelle, mais pure produit de l’ensemble des volontés individuelles des hommes. Ainsi se caractérise l’ère du Constructivisme : il faut faire table rase du passé pour bâtir une société nouvelle. En ce sens, le Totalitarisme est un régime profondément moderne, s’inscrivant dans cette rupture avec le passé et tourné vers un constructivisme forcené.
Pendant toute la période de puissance de l’URSS, il fut presque impossible de poser une saine réflexion autour de la question totalitaire : Hannah Arendt, quand elle osa réunir sous un même terme les deux systèmes politiques, fut elle-même soupçonnée d’accointance « fasciste » par les communistes.
L’une des particularités de cette modernité reste le mouvement de sécularisation, c’est-à-dire le rejet du catholicisme, caractérisant la suprématie du Pouvoir Temporel sur le Pouvoir Spirituel. Conscient tout de même de l’importance de la religiosité, certains auteurs modernes n’hésiteront donc pas à parler de Religion civile (Rousseau), ou même à un Dieu Mortel (Hobbes parlant du Léviathan). De fait, si cette religiosité moderne se caractérisait par des rites (Être Suprême ou Déesse Raison par exemple), l’actuelle disparition de ces rites ou même des Métarécits (cf. La Condition PostModerne) atteste du passage dans une certaine post-modernité.
Enfin, l’intervenant a souhaité appuyé la fin de son propos sur le paradoxe du paradigme individualiste, celui-ci menant directement à son exact contraire, à savoir l’étatisme. Ce paradoxe, déjà mis en exergue par divers auteurs comme Durckheim, trouve dans notre actualité nombre d’exemples. Par exemple, sous prétexte individualiste, les citoyens français ont accepté que l’Etat décide de la réalité du mariage, institution qu’il n’avait jamais osé détruire auparavant.
Suite à cette intervention, questions et débat se sont succédé pour développer certains points comme la nature totalitaire de notre actuelle démocratie, notamment par les écrits éloquents du Ministre Peillon.