La France gérée comme Nantes ? Mauvais présage
Le ministre du redressement productif a accusé le Premier ministre de gérer la France comme Nantes. Pour le bien du pays, il vaudrait mieux qu’il se trompe.
« Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes » : cette apostrophe a été lancée au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, par Arnaud Montebourg en décembre dernier. C’est l’un des temps forts de Florange, la tragédie de la gauche, des journalistes Valérie Astruc et Elsa Freyssenet, paru hier chez Plon. Jean-Marc Ayrault a confirmé l’incident dimanche dernier dans Le Journal du dimanche.
Gérer la France comme Nantes, est-ce une insulte ? Sur le C.V. du Premier ministre figure une seule expérience politique majeure : ses mandats successifs de maire de Nantes. Il n’avait jamais été ministre avant d’accéder à Matignon. Sa seule légitimité provenait de son mandat local, qui lui avait valu une bonne réputation de gestionnaire.
Certaines réputations sont trompeuses. En quittant la mairie, Jean-Marc Ayrault a en réalité laissé la ville de Nantes dans une situation médiocre. Travaux de voirie incessants du centre-ville, urbanisation brouillonne de l’île de Nantes, gestion opaque du projet de transfert du CHU, etc. : Nantes ne sait pas où sa municipalité socialiste l’emmène.
Celle-ci le sait-elle mieux ? On peut en douter. En voici un exemple éloquent. Lors de la fermeture du Musée des beaux-arts, en septembre 2011, Jean-Marc Ayrault avait annoncé « un grand musée d’art à Nantes ouvert à tous les publics en 2013 » (quelques mois avant les élections municipales, donc). Les travaux devaient coûter 34,6 millions d’euros. Un budget important. « Nous avons fait des choix pour cela : nous avons refusé l’Euro 2016 » a expliqué Jean-Marc Ayrault au Journal des Arts.
Ce sacrifice aura-t-il été vain ? En novembre dernier, Patrick Rimbert, remplaçant de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes, a dû admettre piteusement que le chantier coûterait en réalité 83 millions d’euros et ne serait pas achevé avant 2018, soit près de 50 millions d’euros de surcoût et cinq ans de retard ! Ce n’est pas le genre de « performances » que la France attend de son Premier ministre.
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