Lech Walesa ou le « révolutionnaire pacifique »
On l’annonçait fatigué, Lech Walesa est apparu souriant, en pleine forme. Le « révolutionnaire pacifique », comme il se surnomme avec humour, a présidé, à l’Historial des Lucs-sur-Boulogne, les cérémonies commémoratives de l’insurrection vendéenne de 1793.
Une journée au pas de charge, ponctuée de moments émouvants, comme ce dialogue à bâtons rompus avec des collégiens du département : « Vous êtes l’avenir. Votre génération doit consolider l’Europe. La réformer. Il n’y a pas d’autres solutions. Sinon, les guerres, les égoïsmes, les populismes réapparaîtront. »
Il y eut aussi ce discours improvisé, devant plus de 1 500 personnes enthousiastes, sur un coteau surplombant le musée : « Merci pour votre aide, leur a-t-il lancé. La victoire contre le pouvoir communiste n’aurait pas été possible sans une France solidaire. » Ou encore la très belle interprétation du Dona nobis pacem de Mozart et du chant de Solidarnösc, par les chanteurs de l’Institut musical de Vendée.
Acceptant une photo ou un autographe par-ci, une bise par-là, l’ancien prix Nobel de la paix s’est frayé ensuite un chemin vers l’intérieur de l’Historial, pour les discours officiels. Bruno Retailleau fut le premier à prendre la parole : « Les paysans vendéens de 1793 sont les frères des ouvriers polonais de 1980, a-t-il affirmé. Ils sont frères, aussi, de tous ceux qui furent pris dans l’effroyable étau des deux totalitarismes du XXe siècle. »
Pour le président du conseil général de Vendée, « pas question de gratter nos plaies en gémissant. La Vendée d’hier a trouvé la force de ne pas se replier sur sa douleur, comment la Vendée d’aujourd’hui pourrait-elle se recroqueviller sur la rancoeur ? » Mais pas question, non plus, pour Bruno Retailleau, de « transiger sur la vérité. Nous voulons qu’enfin les souffrances de la Vendée soient reconnues. Ce qui s’est passé ici, en Vendée, il y a deux siècles, ne devrait plus être le secret honteux de notre histoire nationale. »
Dans sa réponse totalement improvisée, Lech Walesa s’est adressé à la jeunesse, évoquant l’Europe, « barrière contre toutes les barbaries ». Un discours d’espoir : « Combien de révolutions ? Combien de guerres ? Combien de sang a coulé pour que nous puissions vivre librement dans l’Europe actuelle ? […] Elle est encore imparfaite. C’est aux générations futures de poursuivre et d’améliorer ce que nous avons commencé. Inventer une nouvelle Europe en évitant l’égoïsme, le populisme. »