Français ! vous connaissez vos ennemis, levez-vous ! Marchez !
C’est un des passages du texte écrit sur un papier plié en quatre et trouvé dans une des poches de Charlotte Corday. En deux cent vingt ans cette phrase n’a pas pris une ride.
Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont, en ce 13 juillet 1793, vient d’accomplir une oeuvre de salubrité public: l’exécution du fou furieux Marat.
Français ! vous connaissez vos ennemis, levez-vous ! Marchez ! …/…Ô France ! ton repos dépend de l’exécution des lois ; je n’y porte pas atteinte en tuant Marat : condamné par l’univers, il est hors la loi…/…
« Ô ma patrie ! Tes infortunes déchirent mon cœur ; je ne puis t’offrir que ma vie ! et je rends grâce au ciel de la liberté que j’ai d’en disposer ; personne ne perdra par ma mort…/… Je veux que mon dernier soupir soit utile à mes concitoyens, que ma tête portée dans Paris soit un signe de ralliement pour tous les amis des lois ! que la Montagne chancelante voie sa perte écrite avec mon sang ! que je sois leur dernière victime, et que l’univers vengé déclare que j’ai bien mérité de l’humanité ! Au reste, si l’on voyait ma conduite d’un autre œil, je m’en inquiète peu : Qu’à l’univers surpris cette grande action, soit un objet d’horreur ou d’admiration Mon esprit, peu jaloux de vivre en la mémoire, ne considère point le reproche ou la gloire. Toujours indépendante et toujours citoyen, Mon devoir me suffit, tout le reste n’est rien, Allez, ne songez plus qu’à sortir d’esclavage !…
« Mes parents et mes amis ne doivent point être inquiétés, personne ne savait mes projets. Je joins mon extrait de baptême à cette adresse, pour montrer ce que peut être la plus faible main conduite par un entier dévouement. Si je ne réussis pas dans mon entreprise, Français ! Je vous ai montré le chemin, vous connaissez vos ennemis; levez-vous ! Marchez ! Frappez ! »