La Bretagne de granit
Entrer dans la cité de Saint-Malo, c’est pénétrer dans un univers de granit. Cette roche magmatique a façonné le caractère minéral de la Cité corsaire. Le visiteur découvre cette pierre sous ses pas, foulant la chaussée pavée qui transforma cet îlot rocheux en presqu’île en 1733. Il la retrouve sur les remparts. Il peut frôler sa texture grenue le long des maisons à trois étages, dont les cheminées s’élancent vers le ciel. « Le granit de Saint-Malo provient de deux sites principaux, la Courbure, dans la vallée de la Rance, et les îles Chausey, au large du Mont-Saint-Michel », raconte Philippe Petout, conservateur du musée de la ville.
Le granit marque de son empreinte la région
Le granit représente 40 % du massif armoricain. Il marque de son empreinte la région. Des millions d’années d’érosion ont sculpté les côtes et les sols de la péninsule ; apportant joie aux bâtisseurs et tristesse aux agriculteurs qui, inlassablement, doivent contourner l’obstacle pour labourer leurs champs. Dans certains endroits, comme à Saint-Nicodème, dans les Côtes-d’Armor, le granit donne même l’impression de « pousser » au milieu des prairies !
Les premières traces d’exploitation remontent à 4 200 ans avant notre ère. Le Cairn de l’île de Gavrinis, dans le golfe du Morbihan, montre que l’on savait dès l’époque mégalithique graver le granit. Dans ce dolmen à chambre unique, recouvert par un empilement de pierres de 50 mètres de diamètre, les dalles des parois ont été soigneusement percutées pour dessiner un entrelacs de motifs d’une finesse émouvante.