En Bretagne, l’emploi est sous pression allemande
L’agroalimentaire en Bretagne pâtit de la concurrence allemande qui, grâce au dumping salarial, profite d’une compétitivité inaccessible dans le Finistère.
Début 2013, le Commissaire général à l’investissement Louis Gallois pointait du doigt une aberration économique: que le cresson cultivé en Pays de Loire traverse la France par camion pour être conditionné en Allemagne avant de se retrouver sur les étals des magasins de l’Hexagone, ou que les bœufs du Charolais soient envoyés dans les abattoirs allemands pour revenir sous forme d’entrecôte, rumsteck et faux-filet dans des barquettes plastifiées.
Dans le rapport qu’il remettait alors au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, il soulignait que «l’Allemagne a fait des efforts significatifs sur les coûts, notamment par le transfert d’une partie des charges sociales sur la fiscalité et une politique de modération salariale au long de la décennie», ajoutant que les entreprises outre-Rhin «offrent des salaires très bas qui participent à la compétitivité globale mais seraient, à juste titre, jugés inacceptables en France». Des salaires à 4 ou 5 euros de l’heure alors que le smic horaire en France est deux fois plus élevé (9,4 euros de l’heure).
Comme pour les Pays de Loire ou le Charolais, c’est là tout le problème de la Bretagne aujourd’hui, notamment dans l’agroalimentaire et particulièrement l’industrie de la viande. Après les problèmes du secteur de la volaille et du groupe Doux, la suppression de 900 emplois à l’abattoir de découpe de porc Gad de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, s’inscrit dans ce contexte de perte de compétitivité.
Avec 11% des emplois selon l’Insee, l’agriculture et les industries agroalimentaires pèsent dans la région deux fois plus lourd que la moyenne nationale. Ce qui explique que toute la Bretagne s’enflamme lorsque les entreprises du secteur sont menacées. En quarante ans, toutefois, la région a perdu les deux tiers des emplois dans ces secteurs. En 2011, les industries agroalimentaires employaient 68.250 personnes. Face à cette évolution, la Bretagne n’en est que plus déterminée à défendre les débouchés qui subsistent.