Crise de confiance, crise de légitimité…
Une récente enquête Ipsos, relayée parLe Monde du Jeudi 24 Janvier 2013, a mis en exergue certains points particulièrement révélateurs de l’actuelle crise politique française. Étonnamment survolées par les habituels commentateurs politiques, ses conclusions parlent pourtant d’elles mêmes : 82 % des français estiment que les politiciens agissent en fonction de leurs intérêts personnels, 62 % pensent que la plupart de ces mêmes politiciens sont corrompus et 72 % des sondés trouvent que le système démocratique fonctionne plutôt mal en France.
Ces résultats, qui ne font que corroborer ceux des précédentes études réalisées par le Cevipof (Centre d’études politiques de Sciences Po), sont loin d’être insignifiants : ils sont les manifestations tangibles des théories philosophiques du XXe siècle sur le déclin de l’autorité au sein des démocraties modernes, préfigurant ainsi une remise en cause croissante de la légitimité de ces mêmes systèmes démocratiques. Dès 1972, la philosophe Hannah Arendt expliquait cette décrépitude autoritaire par l’action conjointe de la dynamique égalitaire à l’œuvre dans les démocraties, ainsi qu’à l’exclusion hors du champ politique de toute référence transcendante, à savoir la religion. Ainsi, et comme le montre admirablement bien le sondage Ipsos, « la légitimité de principe conférée par l’élection semble ne plus suffire à s’assurer la confiance des citoyens »[1].