21 février 1794, Noël Pinot monte à l’échafaud
Les Mémoires de l’abbé Gruget, curé de la Trinité, constituent un précieux témoignage sur la Terreur à Angers. Ce prêtre réfractaire, resté dans la clandestinité parmi ses paroissiens les plus fidèles, a consigné par écrit tout les faits marquants principalement de l’année 1794. Parmi ces événements, l’exécution de Noël Pinot reste un moment fort de son récit.
C’était le dixième jour de février 1794 qu’il [Noël Pinot] fut arrêté, et ce même jour il fut introduit dans les prisons […] Il fut jeté dans les cachots, réduit au pain et à l’eau, et couché sur de la mauvaise paille. Dans cet état, mangé de vermines, il lui était défendu de parler à personne et de recevoir aucun soulagement. Mais on ne faisait que prévenir ses désirs, il ne voulait rien recevoir ; un peu d’eau et de pain, voilà tout ce qu’il voulait pour se soutenir jusqu’au moment de son martyre.
Cependant on se plaignait hautement des massacres que la Commission résidant à Angers et établie par les représentants du peuple faisait faire. On trouvait mauvais qu’on fît mourir tant de personnes à la fois, et cela sans les juger, ni leur donner le temps de s’expliquer. Le bruit s’était même répandu que la Commission était en arrestation et qu’elle allait être jugée à son tour […]
Plusieurs jours en effet se passèrent sans qu’on fût témoin des mêmes horreurs. Déjà on se félicitait du retour de la paix; On espérait que M. le Curé du Louroux serait oublié. C’était à tort. Si on s’était si fort élevé contre les massacres de tout genre, c’est que chacun craignait pour soi ; les plus ardents patriotes n’étaient pas plus épargnés. On avait gardé le silence, tandis qu’il n’avait été question que des prêtres ou des catholiques, désignés sous le beau nom d’aristocrate et de fanatique […]