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Cette bastille qu’ils veulent reprendre

Voici un article tiré du dernier numéro de Prospectives Royalistes de l’Ouest d’Avril téléchargeable ici.

Dans la course présidentielle républicaine, la symbolique des faits et gestes des candidats joue évidemment un rôle clé : révélatrice de leurs ambitions, paradigme de leur programme et leurs promesses, elle met également en exergue leur cohérence politique, ou leur incohérence parfois. Certains candidats en manque de crédibilité usent de cette symbolique, flirtant allègrement avec la fine ligne virtuelle du contre-témoignage et du ridicule.

Ainsi, le candidat Mélenchon joue t-il régulièrement de son personnage franc et direct, de cette vulgarité puérile qu’il arbore toujours face aux médias et aux autres candidats. Si remettre en cause les excès d’une caste médiatique omnipotente peut apparaître raisonnable et censé, la complaisance malsaine dans les insultes gratuites ne convient guère à un futur chef d’Etat, évidence que l’actuel locataire de l’Elysée a étrenné par une insulte devenue célèbre lors de son premier Salon de l’Agriculture.

Sentant la ligne du franc-parler agressif usé, le candidat Mélenchon a donc trouvé un nouvel axe symbolique que n’aurait guère renié le célèbre populiste Mélanchton : l’appel à « l’insurrection citoyenne », l’invitation à « reprendre la Bastille pour préparer l’avènement de la VI°république », cette république de l’égalité ou plutôt de l’égalitarisme devraient on dire, vu le lot de réformes aberrantes qu’elle apporterait : revalorisation de l’IVG, Euthanasie, renforcement du droit du sol, etc…

L’évidente symbolique de cet appel est fort intéressante : fustigeant une société de « privilégiés » que la Bastille symboliserait encore, le candidat du peuple Mélenchon joue sur ce désir égalitaire propre à l’homme, cette « idole que les français vénèrent » comme disait Châteaubriand. En usant des mêmes ficelles que les criminels révolutionnaires de 1792, Mélenchon devient l’archétype moderne de cet égalitarisme doctrinaire que dénonçait le philosophe Raymond Aron : « L’égalitarisme doctrinaire s’efforce vainement de contraindre la nature, biologique et sociale, et il ne parvient pas à l’égalité mais à la tyrannie. ».

La symbolique révolutionnaire a vécu. Aujourd’hui, l’homme de bon sens a appris les terribles conséquences que peut apporter l’égalitarisme forcené, les horribles massacres et atrocités commises par les révolutionnaires de 1793. Faut-il pourtant renier ce désir d’égalité, cette soif d’équité qui a encore toute sa place en France ? Bien sûr que non. N’ayons de cesse de dénoncer les injustices, les privilèges et les passe-droits, mais n’oublions pas cette maxime maurrassienne : « L’égalité ne peut régner qu’en nivelant les libertés, inégales de leur nature ». Cette égalité, ce nivellement des libertés, est impossible au sein d’une république : Maurras n’écrivait il pas que « le Pouvoir républicain n’étant pas héréditaire, ne pouvant s’appuyer sur une force morale, sur la puissance que représente le sentiment monarchique, a besoin pour vivre et pour survivre de centraliser » ?

Mélenchon, parce qu’il vogue sur la symbolique révolutionnaire et l’égalitarisme doctrinaire, frôle le ridicule : voguant sur les préjugés historiques sur « l’Ancien Régime », il joue de la légitime soif d’équité populaire pour asseoir son populisme patenté. Or, l’histoire nous a appris que l’égalité ne peut subvenir qu’au sein d’un pays « hérissé de libertés », décentralisé, uni par un principe monarchique dynastique et fédérateur.

«Les institutions démocratiques réveillent et flattent la passion de l’égalité sans pouvoir jamais la satisfaire » Alexis de Tocqueville

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