Pourquoi détricoter la loi Ciotti sans rien proposer pour rescolariser les enfants absentéistes ?
Enième tentative de détricotage : le gouvernement souhaite supprimer la loi Ciotti concernant l’absentéisme et la sanction des parents. Cette proposition de loi sera discutée ce jeudi au Sénat.
Une proposition de loi pour abroger la loi Ciotti, qui prévoit la suppression de certaines aides aux parents d’élèves absentéistes, est discutée ce jeudi au Sénat. Comment peut-on lutter efficacement contre l’absentéisme scolaire aujourd’hui ?
Patrice Huerre : Concernant la loi Ciotti, il ne faut pas oublier que la sanction des parents pour l’absentéisme de leur enfant existait préalablement à cette loi. Elle n’a donc fait que renforcer les choses, et étendre son champ d’application, mais c’était déjà une possibilité administrative.
L’absentéisme est un problème multifactoriel. Pour lutter efficacement contre cette dérive, il faut agir sur plusieurs niveaux simultanément. Pour un individu absentéiste, il peut y avoir des causes multiples : psychologiques scolaire, familiale, sociale… Ce ne va donc être qu’au cas par cas que l’on va comprendre ce qui conduit un élève à s’absenter. La meilleure manière de prendre cela en compte est donc de former les équipes scolaires (conseillers principaux d’éducation (CPE), infirmiers, chefs d’établissements etc.) à l’évaluation fine et individualisée d’un absentéisme et non pas de l’absentéisme en général.
La deuxième chose, c’est de prendre un peu de temps pour comprendre les problèmes afin de trouver une solution adéquate. Dans le problème de l’absentéisme, certaines réponses seront valables pour certains, mais pas pour d’autre. Par exemple, si une jeune fille a de l’acné et n’ose plus aller au collège par peur de se montrer, la réponse va être de l’orienter vers un dermatologue. Un jeune adolescent, au contraire, qui provoque les règles de vie intérieur pour vérifier qu’elles tiennent bon aura droit, lui, à une réponse plus éducative.
Albert-Jean Mougin : Ce qui fait grandement défaut au système actuel, c’est le manque d’une vraie politique sociale de la famille. Il faudrait garantir un véritable encadrement social des familles qui en ont besoin. Mais ce mouvement- là peut s’accompagner d’une responsabilisation volontaire dans le sens de la loi Ciotti, qui a eu une présentation publique fort caricaturée.