74% des Français considèrent que la religion musulmane est incompatible avec la société française
Un sondage Ipsos / Le Monde publié jeudi met en lumière la méfiance grandissante de la société française à l’égard de l’islam. Trois Français sur quatre jugent l’islam incompatible avec les valeurs françaises.
Atlantico : Port du voile à l’école, de la burqa, polémique sur la viande hallal, manifestations contre le film « l’innocence de l’islam » et protestations contre les caricatures de Charlie Hebdo… L’islam est-il en train de devenir le principal point de « friction » de la société française ?
Chantal Delsol : C’est un point de friction c’est sûr. Le principal, je ne sais pas. Reste à savoir si nous souhaitons montrer une image de démocratie responsable. Cependant, je pense que, plus que contre les manifestants eux-mêmes, c’est contre les films et les caricatures qu’il faut se retourner. Il s’agit là plus que d’humour potache. Pour moi, cela est digne de Cro-Magnon. La démocratie, ce n’est pas faire et dire n’importe quoi, c’est être responsable de sa propre liberté.
Ivan Rioufol : Oui, probablement. Il y a eu un sondage récent qui montre que les Français, à plus de 60%, estimaient qu’il y avait un problème d’intégration des musulmans en France. Ce problème d’intégration est aussi vif dans d’autres pays européens. On voit bien que l’opinion publique pressent que l’islam pose un problème quand il n’est pas plus vécu comme religion intime mais comme idéologie politique ou code de conduite. Ce pressenti est admis au cœur de l’opinion, mais comme toujours dans ces cas-là, l’ordre moral et la pensée dominante politiquement correcte intiment à ceux qui disent des choses indicibles que ce qu’ils voient n’est pas ce qu’ils voient et que ce qu’ils entendent n’est pas ce qu’ils entendent… Cela attise les frustrations au cœur même de l’opinion et cela n’aide pas les musulmans laïcs, qui sont d’ailleurs nombreux, et qui se retrouvent plongés dans cette idéologie parfois obscurantiste qui caricature l’ensemble de la communauté musulmane.
Il y a eu jusqu’à présent une volonté de ne pas voir la maladie de l’islam. Cet islam qui appliqué littéralement met en branle toute une idéologie insupportable pour une démocratie : une idéologie suprématiste, sexiste, antisémite, qui rejette l’altérité et qui prône le culte du surhomme. On a voulu gommer cet aspect des choses pour ne réciter que cette antienne qui était de dire que l’islam était une religion de paix. On se rend compte aujourd’hui que c’est naturellement plus compliqué. Toute la difficulté est de pouvoir aborder cette « maladie de l’islam » sans choquer les français de confession musulmane.