Marisol Touraine, c’est Ubu médecin
[…]De ce constat, nos politiciens ont déduit qu’il fallait soit forcer les jeunes médecins à s’installer à Bélesta – on imagine d’ici l’effet d’une telle mesure sur les vocations et la motivation de nos praticiens – soit les subventionner à coups d’argent public pour les inciter à combler les trous. C’est manifestement cette dernière option qui a été retenue par l’actuel gouvernement qui, comme ces prédécesseurs, ignore – ou feint d’ignorer – la véritable raison qui fait qu’il y a, dans notre beau pays, des déserts médicaux, à la différence de l’Allemagne.
Les raisons qui poussent Paul à s’installer à Nice plutôt qu’à Bélesta sont évidentes – nous venons d’en énumérer quelques unes. Les connaissant, comment se fait-il que le marché niçois ne soit pas saturé depuis longtemps ? Après tout, les conditions de vie en général et les conditions d’exercice de la médecine généraliste en particulier étant ce qu’elles sont, on devrait observer une concurrence féroce entre médecins sur toute la Cote d’Azur. À l’exception de quelques stars, les tarifs des uns et des autres devraient être écrasés par l’effet de cette concurrence, rendant ainsi beaucoup plus attractive une installation dans le village ariégeois, où la concurrence est inexistante. C’est un mécanisme classique du marché : la concurrence fait baisser les marges des producteurs rendant ainsi plus attractives les zones où il n’y a pas de concurrent.
Mais nos politiciens, au début des années 1970, ont eu l’idée géniale d’instaurer un numerus clausus qui limite administrativement le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine et donc, le nombre de diplômés et, in fine, le nombre de praticiens sur le marché. En 1971-72, ce quota était de 8 588 étudiants, il a baissé jusqu’à 3 500 en 1992-93 avant de remonter à 7 500 pour l’année universitaire en cours. C’est-à-dire que, alors que la population française a augmenté de 23% et a vieilli entre temps, le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine chaque année a baissé de pratiquement 13%. C’est donc très clairement une politique de raréfaction volontaire de l’offre qui a été mise en œuvre depuis quatre décennies.
Les effets d’une telle politique relèvent de l’évidence : primo, en réduisant la concurrence, on a soutenu artificiellement le niveau de vie des médecins (via, notamment, les fameux dépassements d’honoraires) ; deuxio, quelques milliers d’étudiants qui auraient sans doute pu faire d’excellents médecins se sont fait éjecter du cursus ; tertio, nous avons créé des déserts médicaux. Carton plein !