L’insulte et la dissimulation au secours du mariage gay
La réforme du « mariage pour tous » est soutenue très largement par la société. C’est du moins ce que l’opinion est priée de répéter et de retenir, à la suite des nombreux médias acquis à la cause. Dimanche, en tout cas, le défilé parisien a mobilisé beaucoup moins de monde que la manifestation massive des opposants au projet de loi, il y a quinze jours. Ceci en dépit des soutiens apportés par les partis de gauche (PS, PC, Front de gauche, etc), les syndicats (CFDT,CGT, FSU, etc), les associations militantes ( SOS Racisme, Ligue des droits de l’homme, etc), et une grande partie des bobos parisiens. (Rectificatif, lundi 15 h: les tarifs très attractifs qu’aurait opportunément proposé la SNCF, évoqués ici dans un premier temps, se révèlent en revanche être une rumeur.) Le 13 janvier, le peuple de France était descendu dans les rues, venu de tout le pays. Le 27 janvier, c’est le people parisien qui s’est retrouvé pour une soirée branchée dans un théâtre des Champs Elysées. Rien n’illustre mieux la fracture entre la société civile et ses « élites » que cette caricature d’une intelligentsia mondaine parrainée par la compagne du Président de la République.
En réalité, ce sont des militants sur la défensive qui assurent que le mariage gay est un progrès avalisé par la majorité, tout en refusant à celle-ci de s’exprimer par référendum. Ils sont si peu sûrs de la pertinence de leurs arguments qu’ils ont recours à l’insulte et à la dissimulation, ces armes des faibles. L’insulte, quand Pierre Bergé parle d’ »humus antisémite » en désignant les opposants au mariage gay, quand Bernard Henri-Lévy évoque « une marée noire de l’homophobie ancestrale », quand Jean-Michel Ribes moque les « cervelles gelées » de ceux qui ne pensent pas comme lui, ou quand Frigide Barjot est moquée en termes orduriers par les donneurs de leçons de citoyenneté.