Tugdual Derville : « un élan historique durable est né »
Pour Tugdual Derville, délégué général de l’Alliance Vita et porte-parole du mouvement « la manif pour tous », l’élan né le 13 janvier est un mouvement de paix sociale appelé à durer…
Quel bilan tirez-vous de la manifestation du 13 janvier ?
J’y vois le début d’un grand mouvement d’écologie humaine. L’écologie environnementale, il y a quelques décennies, est née d’une question nouvelle : quelle Terre allons-nous laisser en héritage aux générations futures ? Le mouvement surgi de la « manif pour tous » couvait sous la cendre, et s’interroge de la même façon sur le repère de l’engendrement que nous voulons transmettre. Si ce projet de loi aboutit, ne va-t-on pas effacer des consciences l’altérité homme/femme comme source de l’humanité ? Ce repère de l’engendrement constitue l’essence de l’humanité ; s’il disparaît, nous basculons vers un changement de civilisation. La grande réussite de notre mouvement, c’est d’avoir révélé combien ce repère est précieux au moment même où il est menacé… Motivé par un sursaut de la conscience, un élan historique durable est né.
Vous avez placé la question bioéthique au cœur du débat. Etait-ce indispensable ?
Oui. Il est évident que le mariage homosexuel (qui va de pair avec l’adoption pour deux personnes de même sexe) implique l’élargissement de la procréation artificielle pour deux femmes, puis la gestation pour autrui pour les hommes. L’enfant ne serait plus ainsi qu’un « projet » – pour ne pas dire un « objet » – répondant à un « droit à l’enfant » conforme au désir ou au fantasme d’adultes. Comment ne pas y voir un syndrome de toute-puissance prométhéenne, cette volonté de l’homme d’être la mesure de lui-même ? à rebours de ces dérives éthiques, notre mouvement s’inscrit dans le sens du progrès humain : aux lobbies de la trans-humanité qui veulent recréer un homme supérieur, il oppose le respect de la dignité de chaque personne, toujours vulnérable.