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21 Juillet 1795 : Fin du douloureux épisode du Débarquement de Quiberon

16 juin 1795, quittant Portsmouth et Southampton, une importante escadre Britannique met à la voile. II y a là, la frégate la « Pomone », 44 canons, sous les ordres du commodore Warren, chef maritime de l’expédition, trois vaisseaux de ligne: le « Standard », 64 canons, le « Thunderer » et le « Robust », 74 canons chacun, ainsi que six autres frégates et une dizaine de navires de guerre plus légers, le tout escortant 97 bâtiments de transport. A bord, on trouve 20 000 uniformes, 30 000 fusils, des munitions, 18 canons et des vivres à foison ainsi que deux millions en pièces d’or et dix millions en (faux) assignats fabriqués à Londres. On trouve aussi et surtout un peu plus de 3 000 hommes, tous français.
Cette petite troupe ne doit rien moins que chasser la république née de la révolution et restaurer les Bourbons sur le trône de France ! On a, pour ce faire, péniblement constitués cinq régiments ou se côtoient des hommes d’origine pour le moins diverses: Nobles émigrés tout d’abord, civils ou militaires, qui, pour la plupart, d’asile en refuge, ont finalement « ‘échoués » en Angleterre, mais qui, malgré leurs vicissitudes, ont une foi inébranlable en la victoire. Rescapés du soulèvement de Toulon ensuite, canonniers, soldats et insurgés royalistes. Des navires anglais leur ont permis de fuir la France, d’autres les ramènent. lIs ont un compte à régler avec la république ! Des prisonniers bleus enfin, facilement recrutés sur les pontons ou ils croupissaient après leur capture et à la loyauté des plus douteuses.

Voici la composition de ces unités:
Loyal Emigrant (ou La Châtre): 250 émigrés
Royal Louis (ou D’Hervilly) 1 318 hommes dont 600 toulonnais, 600 ex-républicains et 118 émigrés. (On lèvera un escadron de cavalerie, les « hussards de Warren », 63 hommes parmi ce régiment et les chouans)
Du Dresnay (ou de Léon) : 500 ex-républicains et 60 émigrés, tous bretons
Royal marine (ou Hector): 300 émigrés (ex officiers de marine), 200 toulonnais, 200 ex-républicains
Rotalier (Royal artillerie): 500 toulonnais, 66 émigrés
A quoi on doit ajouter 40 officiers émigrés qui devront encadrer les chouans et les 20 ingénieurs de Lengle de Moriencourt
soit: 854 émigrés, 1 300 toulonnais, 1 300 « bleus », au total 3 454 hommes

Quelques compagnies d’infanterie britannique complètent cette « armée » encadrée par… deux chefs.
Le comte de Puisaye, tout d’abord, 40 ans, il est en Angleterre depuis 8 mois et avec l’assentiment du ministre Anglais Pitt, il est à l’origine de cette expédition. Il possède une note datée du 6 juin du secrétaire d’état Henry Dumdas lui en confiant le commandement.
Le comte d’Hervilly a lui 39 ans, il est maréchal de camp de Puisaye. Il a émigré après le 10 août 1792 (prise des Tuileries). Il a en sa possession une note de l’amirauté Anglaise du même 6 juin le nommant « à la tête des troupes soldées ».
Dès le début, les deux hommes se heurtent et s’opposent verbalement, parfois très violemment. Cette rivalité que l’on peut soupçonner voulue aura de funestes conséquences.
L’objectif de cette expédition hétéroclite est la baie de Quiberon et la plage de Carnac en Bretagne, au grand désespoir du chevalier Charette qui se bat toujours en Vendée. Avec ce débarquement, il espérait bien soulever tout le pays qu’il juge, à juste titre semble t’il, plus favorable que la cote Bretonne . Puisaye lui-même croyait bien arriver en Vendée et ne cache pas sa surprise ! ! ! Surprenant pour un chef d’expédition que de ne pas en connaître la destination finale ! ! ! .

Le maréchal général des logis Louis –Charles comte d’Hervilly (1756-1795) (BN) Officier pendant la campagne d’Amérique, colonel du régiment de Rohan-Soubise, commandant de la cavalerie de la garde constitutionnelle du Roi , il participa à la défense des Tuileries le 10 août 1792 puis émigra en Angleterre .

L’armada est tout d’abord retardée par des vents contraires, puis essuie une violente tempête pour être finalement attaquée le 22 juin par les quatorze vaisseaux de ligne de l’amiral Villaret de Joyeuse sortis de Brest. Les anglais ont reçus le renfort de l’escadre de Lord Bridport et la marine de la république n’est plus que le fantôme de celle de Louis XVI. Finalement, après avoir perdu trois navires (le « formidable », le « Tigre » et « l’ Alexandre » qui sont capturés), l’amiral français est contraint de se réfugier à Lorient.
Enfin le 25 juin on parvient à Quiberon. Les quelques centaines de bleus qui tiennent le tumulus Saint-Michel à Carnac sont mis en déroute par les chouans de Cadoudal et Mercier, 200 républicains restent sur le terrain. Les garnisons de la presqu’île ne bougent pas. Le chevalier Vincent de Tinténiac, le « loup blanc » hisse sa chemise en haut d’une perche. Après bien des atermoiements dus à d’Hervilly le débarquement peut avoir lieu. II commence le 27 ( I : les chiffres romains renvoient à la carte). Le plan prévu est le suivant: laisser dans la presqu’île le matériel sous la garde des troupes émigrées et des vaisseaux Anglais. Armer les Bretons, les encadrer, et en avant sur plusieurs colonnes, objectifs la Mayenne, puis Rennes, puis Nantes…
D’Hervilly intervient, conteste les ordres. On envoie un message en Grande-Bretagne, et en attendant la réponse qui départagera les deux chefs… on attend !
Sur les plages, des milliers de paysans des régions voisines et de 12 à 15 000 chouans accueillent le premier échelon du débarquement, dont les républicains « repentis ».
1 300 hommes sont encore en mer sous les ordres du comte de Sombreuil.

De gauche à droite : Fusilier et officier du Loyal-Emigrant, régiment de Castrie, soldat du régiment d’Hervilly (ex Royal Louis Toulonnais) , régiment du Dresnay ou de Léon, Hussard de Warren . Au fond, le fort Penthièvre
(planche extraite de l’ouvrage de L& F Funcken : « les soldats de la révolution Française » Ed. Casterman 1988)

Pour le moment tout va plutôt bien, on fait bombance, on chante, on célèbre la messe à la mémoire du défunt petit Louis XVII. C’est monseigneur Du Mercé et ses quarante prêtres tout juste débarqués, qui officient, mais seuls Puisaye et son état-major sont présents. D’Hervilly et quelques-uns de ses officiers, écoutent une messe séparée à Carnac, pas question pour eux de se mêler aux « va nu pieds » ! De fait, les relations entre émigrés et chouans sont plutôt froides, les premiers méprisent ouvertement les seconds qui le leur rendent bien, un bon climat pour faire la guerre ensemble ! C’est qu’ils ont une drôle d’allure ces paysans aux yeux de la majorité des émigrés : visages burinés, longs cheveux, grand chapeau, veste brune ou grise, braies courtes et larges (les « Bragou Braz »), guêtres de cuir, sabots ou souliers ferrés, et puis les sacré-coeurs sur la poitrine ou en brassard, les chapelets, les médailles et les cocardes blanches. Une bien curieuse armée qui ne ressemble certes pas à ce qu’ils ont connu dans les troupes royales !

On s’organise un peu tout de même , les six divisions chouannes de Cadoudal, Mercier, D’Allègre, Jean Jan, Lantivy et St Régent sont regroupées en trois brigades sous Tinténiac. Bois Berthelot et Vauban et établies en avant-postes entre Hennebont et Auray ( II carte ). Dans cette dernière localité, la garde nationale. 400 hommes commandés par maître Glain. notaire de son état, passe aux blancs avec armes et bagages. Elle combattra sous le nom de « bataillon d’Auray ».

En face les bleus ne restent pas inactifs, Hoche, qui les commande, n’avait le 27 juin que 3 000 hommes, dans le Morbihan, le 3 juillet il en a déjà 13 000 dont la légion Nantaise, sous les ordres des généraux Humbert, Krieg, Mesnage… L’avance des troupes républicaines est, comme trop souvent dans ces terribles guerres fratricides de l’ouest, et comme le déplorera d’ailleurs Hoche lui-même, jalonnée de massacres, pillages et viols.

« croit-on que l’on va chouanner avec ça ? » (composition de chovin, coll. Mme Loidreau) Il est certain qu’une partie des émigrés débarqués considérèrent les chouans bretons avec curiosité voir même avec mépris …

Du coté royaliste, on bouge enfin ce même jour pour déloger les forces républicaines de la presqu’île et notamment les 450 soldats du fort Penthièvre. Puisaye , 200 hommes du Loyal-émigrant et 600 chouans attaquent au sud. D’HervIlly et son régiment par la falaise. Les bleus, à court de vivres, se rendent sans résistance et 300 s’enrôlent chez les blancs. Ils sont versés au corps de D’Hervilly ou se trouvent déjà une bonne partie des ex-républicains. D’Hervilly leur rend tout naturellement la garde du fort . On croit rêver ! Le drapeau blanc flotte maintenant sur le fort Penthièvre… mais aux côtés du drapeau britannique, encore une maladresse vis à vis des chouans.

Pendant ce temps, Hoche passe à l’offensive et lance, le 29 juin, le chef d’escadron Guérin et un millier d’hommes sur Auray. Les chouans et le bataillon d’ Auray , toujours vêtu de bleu mais portant la cocarde blanche, en tuent plus de 300. Le lendemain l’artillerie républicaine écrase la localité. Auray tombe ( III carte ). Alors que les chouans se battent farouchement sous Cadoudal à Ste barbe, d’Allegre au tumulus St Michel et le comte de Vauban au centre, que font donc les émigrés ?
Enfin Puisaye et D’Hervilly semblent d’accord pour attaquer le 6 Juillet. Quatre régiments et 5 000 chouans, près de 8 000 hommes au total s’avancent. Soudain d’Hervilly fléchi et ordonne la retraite, à la fureur de Puisaye et Cadoudal qui s’exclame: « Ces monstres d’émigrés, la mer aurait du les engloutir avant qu’ils n’arrivent chez nous ! » Les troupes soldées se replient donc. Les chouans restent seuls pour protéger 30 000 paysans qui s’engouffrent à leur tour dans la presqu’île. Le 7 juillet, Sainte barbe ( IV carte) qui contrôle l’entrée de ce piège est entre les mains de Hoche qui peut écrire : « Les anglais, les émigrés et les chouans sont enfermés à Quiberon… ainsi que des rats dans une ratière. dans quelques jours, nous serons victorieux… » La bataille se poursuit le 8, mais la trahison de trois compagnies du Royal-Louis, composées d’ex-prisonniers fait échouer l’attaque Royaliste. D’Hervilly, une fois encore, ordonne la retraite.

Son attitude mérite que l’on s’y arrête un moment. D’Hervilly est le jouet de l’abbé Brottier et de l’agence royale de Paris, tous deux ennemis de Puisaye. Le 27 juin, Brottier a envoyé une lettre à d’Hervilly « au nom de sa majesté Louis XVIII…et en celui de SAR Monsieur le comte d’ Artois…, M. d’Hervilly …s’attachera à ne pas compromettre la vie de ces gentilshommes dans les actions à travers le pays insurgé… pour laisser à M de Puisaye le temps de démasquer ses plans, que tout porte à croire hostiles au rétablissement de la branche aînée des Bourbons. M d’Hervilly se tiendra sur une prudente réserve… » En plus de Brottier, il faut également compter sur les espions de Hoche comme Mme de Greco sa maîtresse et l’épouse d’un des émigrés débarqués, le vicomte de Pontbellanger . Le général républicain manipulait ‘il les agents royalistes locaux « au nom du Roi et de l’agence » ? II semble de plus établi que Hoche connaissait tout ou partie du projet de débarquement dont les plans étaient tombés entre ses mains quatre mois plus tôt, saisis à Erquy sur le comte de Vasselot, débarqué là pour rassembler les chouans (Vasselot fut fusillé).

Le général Hoche (1768-1797) Commandant en chef de l’armée de côtes de Brest depuis le 1er mai 1795, il ne dispose que de 3 000 hommes dans le Morbihan au moment du débarquement. Le 9 juillet, quand les émigrés s’emparent du fort Penthièvre il est en mesure de contre-attaquer avec 13 000 soldats …

En attendant, chez les pauvres royalistes, combattants ou civils, bien éloignés de ces manigances, le désespoir s’installe. Tinténiac et Cadoudal font alors accepter aux deux chefs rivaux un plan audacieux : attaquer Hoche sur ses arrières. Pour ce faire, deux détachements de 3 500 chouans chacun seront débarqués, l’un sous leurs ordres, à Sarzeau ( V carte ) avec une compagnie du Loyal émigrant, l’autre sous le commandement de Jean Jan et Lantivy au Pouldre, à l’ouest ( VI carte ). Les deux groupes devront faire leur jonction à Baud le 14 juillet et attaquer Hoche le 16. Le départ est fixé pour la nuit du 10. On espère que les bretons se joindrons en nombre à ces troupes équipées et habillées par les Anglais et que l’on appellera « l’armée rouge ». Ceci amuse tout d’abord les chouans, peu habitués aux uniformes, puis être pris pour « des anglais » leur déplait ensuite profondément !
Pour le 16, Puisaye et d’Hervilly préparent le grand assaut de leur coté: Vauban et ses chouans débarqueront à Carnac, d’Hervilly et les régiments émigrés attaquerons de front. Sur ces entrefaites, Le deuxième échelon de l’expédition arrive enfin. II s’agit de la division à cocarde noire du comte de Sombreuil, 1 300 émigrés (environ), répartis en diverses unités:

régiments de Damas, 150 hommes,
de Rohan-infanterie, 300 soldats,
de Salm, 150
légion de Béon, 250,
Légion du Perigord, 150,
plus les 200 hommes du bataillon des vétérans de Colomban de Rossel (partie du Loyal émigrant). Soit au total 1 250 officiers et soldats.

Faute d’embarcations, elles sont toutes requises pour les divers transferts, la division ne peut cependant débarquer et donc participer à l’action, seul Sombreuil sera présent le 16.
16 juillet, trois heures du matin, la « folle ruée » commence. Vauban a débarqué à Carnac et progresse. Les émigrés chargent au cri mille fois répété de « vive le roi ! ! !  » Le général républicain Lemoine, Hoche se trouve alors à Vannes, fait reculer ses troupes, les blancs s’avancent mais tombent sur vingt canons qui les fauchent, c’est la confusion, ordres et contre-ordres se croisent, d’Hervilly est grièvement blessé. Sombreuil et Puisaye tentent de regrouper leurs forces qui se débandent. Les bleus contre-attaquent et sont seulement stoppés par le feu des canonnières anglaises. Si 300 républicains ont été tués, 1 200 royalistes restent sur le terrain, dont de nombreux blessés qui seront achevés et dépouillés. Quand à Vauban il a rapidement été rejeté à la mer.

Et « l ‘armée rouge » ? Tinténiac, Cadoudal et les autres ? Le premier groupe sous Jean Jan a bien pris Pont-Aven, mais, gêné et désorganisé par de nombreux réfugiés, il s’est rapidement disloqué. Le deuxième groupe de Tinténiac est, le 14 juillet, bien près du lieu de rendez-vous, mais voici un messager de l’agence de Paris, changement de plan, il faut aller vers le nord au château de Coetlogon ou on l’y attend. Tinténiac hésite, mais pressé par les officiers émigrés qui encadrent les chouans et contre l’avis de ces derniers, il se décide: « allons-y, on sera tout de même le 16 à Sainte-barbe ». Les bleus sont bousculés et la ville de Josselin est prise le 15. Le lendemain on parvient au château. Pas d’ordres, pas d’important personnage mais un festin pour les officiers émigrés ! Le rendez- vous est manqué. A Quiberon c’est le désastre que l’on connaît. Soudain le 17, les 3 000 républicains du général Champeaux surgissent.  » trahison » hurle Cadoudal, les chouans parviennent à culbuter les bleus, mais Tinténiac est tué. L »armée rouge », qui ne l’est plus car les uniformes anglais ont rapidement finis aux orties, va connaître bien des combats et des vicissitudes avant de rentrer chez elle sous le commandement de Georges Cadoudal, mais ceci est une autre histoire…

Georges Cadoudal (1771-1804) , commandant une division du Morbihan pendant le débarquement de Quiberon, il dirige avec Tinténiac une colonne qui manœuvre sur les arrières de Hoche. Après la mort de Tinténiac, il est élu à la tête des troupes du Morbihan et à l’annonce du désastre de l’expédition , il parvient à sauver les 3 000 survivants de la colonne malgré les 12 bataillons bleus qui les cernent .

A Quiberon, pendant ces événements , se joue le dernier acte de la tragédie. Hoche lance son fameux ordre du jour du 19 juillet règlant l’attaque et la prise du fort Penthièvre. Les républicains sont bien renseignés par des déserteurs, ex-bleus devenus blancs trop vite, qui déjà le 14 avaient annoncé l’offensive du surlendemain; Cette fois on lui promet que la garnison du fort se ralliera aux assaillants. Dans la nuit du 20 au 21, les bleus se mettent en marche sous une violente tempête, Hoche et les représentants Blad et Tallien sont aux cotés des soldats. L’alerte est donnée, les canons royalistes tonnent et fauchent les attaquants mais sont rapidement neutralisés par les hommes du fort pro-républicains et par les soldats du général Menage qui ont escaladé les remparts. Le fort tombe ( VII carte ). Les bleus avancent maintenant dans la presqu’île. Pour les blancs la surprise est totale, ils se regroupent et font face tandis que la foule des non-combattants fuie plus au sud. En trois colonnes les républicains encerclent et balaient les groupes qui leur résistent. Sombreuil doit reculer ( VIII carte ), que fait Warren ? Puisaye saute dans un canot, à la stupéfaction générale, et décide de lui porter un message. Il rallie la flotte britannique. Quelques minutes plus tard, des dizaines d’embarcations se dirigent vers le rivage sous les clameurs de la foule tandis que grondent les pièces anglaises qui stoppent net l’élan de Hoche. Celui-ci fait donner ses batteries qui écrasent à leur tour la plage ou le rembarquement a commencé. Sous le vent et la pluie, l’éclatement des boulets, les cris, les coups de feu, les prières et les gémissements, se déroulent des scènes de cauchemar…

Sombreuil et sa division (enfin débarquée !) résistent toujours, acculés au fort neuf. Enfin, à 11 heures, le jeune et brave Sombreuil capitule devant le jeune et brave Hoche. D’après tous les témoins, en particulier le capitaine Cambronne et Rouget de l’Isle ( accompagnant les représentants) présents à ce moment, Hoche promet que tous les captifs seront traités comme des prisonniers de guerre malgré le décret de la convention du 25 brumaire an III condamnant à mort les émigrés pris les armes à la main. Tallien affirme qu’il obtiendra la ratification de la capitulation par cette même convention.

La bataille est terminée, certains brisent leur épée, d’autres, une centaine, se suicident. On fait enfin cesser le tir de l’escadre anglaise. Les réfugiés, conduits à Plouharnel, sont dispersés, les combattants capturés, 6 262 exactement (538 émigrés, 492 toulonnais, 3 600 chouans et 1 632 « bleus/blancs »), sont conduits à Auray sous la promesse qu’ils n’essaieront pas de s’évader et y sont enfermés. Tallien part pour Paris afin de sauver les émigrés de Quiberon. En arrivant il s’aperçoit que la convention lui est des plus défavorable . Pour se maintenir et sauver sa peau il va mentir honteusement. Le 27 juillet, à la tribune de l’assemblée, il célèbre la victoire, stipendiant les émigrés et allant jusqu’à brandir un poignard soi disant empoisonné dont ils , auraient tous été pourvus afin de « percer le sein des patriotes » ! ! ! Indignés, les conventionnels refusent toute clémence et appliquent la loi du 25 brumaire malgré l’intervention de Hoche auprès du comite de salut public.

Alors vint le temps des exécutions, 751 jusqu’au 29 mars 1796 , 629 émigrés de toutes origines et conditions (dont Sombreuil et Mgr du Hercé), 122 chouans et autres insurgés. Les prisonniers républicains enrôlés chez les royalistes sont libérés et réincorporés dans l’armée bleue, 5 000 chouans (d’autres avaient été « cueillis » plus tard) échappent aux poursuites et sont remis en liberté, 500 sont morts en prison. Les rescapés du désastre, récupérés in- extrémis par les vaisseaux de Warren sont débarquées sur l’île d’Houat ( IX carte ), 1 100 émigrés et toulonnais et 2 500 réfugiés. Plusieurs centaines succomberont au typhus dans les semaines qui suivront. Puisaye réussit à regagner la Bretagne ou la guerre menée par Cadoudal devient atroce. Les chouans ne font plus de prisonniers pour venger Quiberon, ainsi les « fusilleurs », (bataillon des volontaires de Paris, d’Arras, de Grenoble et une compagnie BeIge), sont ils, entre le 18 et le 26 août 1795 , totalement exterminés. Apprenant les fusillades de Quiberon, Charette ordonne le massacre des 300 prisonniers républicains qu’il détenait. Quand à d’Hervilly, il s’éteint le 4 novembre à Londres en prononçant ces mots:  » Ce n’est pas Puisaye le coupable, c’est moi. »

Source : Forum de la Troupe des Coeurs de Chouans

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