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Le non aux salles de shoot

Alors que Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, a annoncé en août que l’ouverture, à titre expérimental, de salles d’injection pour toxicomanes pourrait avoir lieu « assez rapidement », une large majorité de Français répond non : 55 % d’entre eux y sont opposés. Tel est le principal enseignement de notre sondage exclusif Ifop-Valeurs actuelles sur l’adhésion à l’ouverture de lieux légaux de consommation de drogue (lire notre tableau page de droite). Si le gouvernement persistait dans cette voie, il prendrait clairement l’opinion à rebrousse-poil : non seulement les Français sont contre, mais ils le sont de plus en plus : + 8 points par rapport à 2010 – où une majorité d’entre eux (53 %) se disaient alors favorables aux salles de shoot.

Certes, les sympathisants de gauche (59 %) et les électeurs de François Hollande à la présidentielle (57 %) approuvent l’ouverture de ces salles d’injection (contre 66 % des sympathisants de droite et 67 % des électeurs de Nicolas Sarkozy qui s’y opposent).

Il n’empêche : malgré les présentations systématiquement favorables qui en sont faites dans la plupart des médias, la majorité de la population perçoit, instinctivement, le risque de grave dérive sanitaire et morale que constituerait la création de « structures où les usagers de drogues par injection […] peuvent venir s’injecter des drogues – qu’ils apportent – de façon plus sûre et hygiénique, sous la supervision de personnel qualifié », ainsi que l’a défini l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

C’est le député PS de Paris, Jean-Marie Le Guen, qui, à la fin août, dans une interview au Parisien, a relancé le débat en réclamant « l’autorisation » par le gouvernement de telles « salles de consommation ». Bertrand Delanoë et nombre d’autres responsables socialistes, communistes, verts et d’extrême gauche, avaient déjà fait connaître, auparavant, leur approbation. Durant la campagne présidentielle, François Hollande s’était lui-même dit « intéressé ». Mais il n’y a pas qu’à gauche que l’idée fait son chemin. Alors ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, en 2010, s’y était dite « favorable » – s’attirant les foudres de François Fillon – , et plusieurs élus UMP, aujourd’hui, ne font pas mystère de vouloir en installer dans leurs villes, si le gouvernement autorisait, effectivement, leur ouverture : Jean-Claude Gaudin (Marseille), Alain Juppé (Bordeaux)…

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